vendredi 31 décembre 2010

Antiopa (troisième partie)


Vous voyez ma collection : Antiopa est rare dans la nature, difficile à observer, et pourtant j'ai du réserver deux grandes boites Blanchard pour les exposer. On voit tout : les pontes ; les mues successives embrumées d'une fine toile dans laquelle s'enrobent les chenilles. On voit la grappe des chenilles adultes avec leurs piquants noirs et leurs grandes taches rouges, dévorant les feuilles de saule blanc sur lequel a pondu la maman. On voit les chrysalides revêtues de la dernière mue recroquevillée comme un manteau qu'on aurait jeté. Et on voit les adultes, dessus ; dessous ; et je défie quiconque de reconnaitre un mâle et une femelle comme ça, à l'oeil nu. J'ai ajouté quelques aberrations comme savent les produire les éleveurs de l'Est quand ils les exhibent à Papillyon qu'il ne faut absolument pas rater tous les ans à Lyon naturellement.

Et si mes boites sont singulières, c'est qu'elles contiennent les photos des biotopes, car je me suis toujours intéressé aux conditions de vie des espèces chassées, puis forcément élevées. Et que pour élever les papillons, c'est comme les poissons, il faut maîtriser leur chaine biologique, et savoir les alimenter. Quand j'étais délégué à l'Aquaculture, j'ai suivi les élevages du midi, depuis Fos sur Mer jusqu'à Antibes, et la difficulté était toujours la même : quand l'alevin est minuscule, comment lui créer une nourriture (végétale ou bien animale vivante constituée souvent de minuscules crevettes) de taille inférieure à la bouche ? D'où les cultures d'algues, (pour alimenter les crevettes) qui doivent précéder l'élevage des poissons. D'où les cultures de végétaux, qui précèdent l'élevage des papillons.