jeudi 31 mars 2011

Papilio latins


...pour l'union de la méditerranée…

Au stade où nous en sommes, je vous ai fait connaître tous les Papilio habitant le pourtour de la méditerranée. Précédant les vœux de notre Président, et amateur de l’Empire romain fondant son emprise sur la méditerranée, j’ai tenu au cours de ma vie de collectionneur à les réunir dans une petite boite Blanchard. J’en ai présenté certains de profil pour qu’on distingue bien la fameuse nervure manquante aux postérieures qui laisse ainsi le corps apparent. Tellement qu’une femelle de mnemosyne exhibe (on dit aujourd’hui ostensiblement) son sphragis.


Il y a les Thaïs, dont les chenilles vivent sur l’Aristoloche. Je vous ai parlé des deux vivant en France, mais Blanchard avait réussi à trouver lors d’un voyage Allancastria Cerisyi qui vit dans les Balkans,  Albanie, Grèce, Bulgarie, Iran et Irak. Il m’en a donné une que voici. Elles sont donc trois.


Il y a les Apollons et vous connaissez maintenant les quatre, Parnassius apollo orné de ses ocelles rouges, phoebus qu’on trouve dans les Alpes, mnemosyne, et Archon Apollinus.


Les Papilio stricto sensu sont aussi au nombre de quatre : Machaon et son frère Podalirius. Hospiton de Corse et Sardaigne qui en est la relique himalayenne. Et Alexanor.


Si d’aventure ma collection disparaissait un jour, à moins qu’elle aille au Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse (ce dont il faudrait que je me préoccupe pour autant que cela les intéresse), j’aimerais garder cette petite boite, parce qu’elle ne prend pas de place. Elle est fabriquée comme une pièce d’ébénisterie en vieux noyer du Lot, et elle rassemble mes chers Papilio latins. J'ai une pensée de plus pour Robert Blanchard....


Ces papillons là, aucun anglo-saxon ne peut espérer les avoir sinon élevés du moins étroitement côtoyés : il faut pour cela avoir notre culture, inculquée très jeune par l’apprentissage du grec et du latin, pourquoi pas dans un collège jésuite, il y a de cela des dizaines d'années.


Tourné vers l’Orient plus précisément vers le mont Olympe.....

Là où sont nos racines !


Colias, coliades


C’est à mourir de rire (mort de rire dit-on en langage sms : mdr). Je décide de dire quelques mots sur colias, et je tombe sur COLIAS : col (lectif) associatif scot pays de Rennes. Rennes Bretagne. Ca me rappelle des souvenirs. Ainsi donc des bretons écolo ont choisi comme acronyme COLIAS, un papillon, pour symboliser leur mouvement en faisant signer une pétition contre l’épandage du lisier de porc. Et contre le contournement du sud-est de Rennes par une autoroute de plus aux dépens des terrains agricoles qui sinon vont servir …de terrain d’épandage. On respire d’habiter dans le sud de la France où les porcs, que l’on mange volontiers d’ailleurs, proviennent de l’Ouest. Et où le seul fumier provient de vaches bien classiques qui servent à brouter les montagnes et prévenir les avalanches. Donc on tolère leur fumier parce qu’elles sont utiles à la nature.

Mon histoire comme toujours est véridique et je vous refile le lien pour que vous vérifiez :


Enfin j’ai compris à quoi servent les papillons : à illustrer des combats écolo contre la société productiviste. Remarquez, je m’en doutais un peu, et quand à la gare SNCF je prends les prospectus recouverts d’images de papillons, j’en déduis que nos amis lépidoptères servent d’alibi facile à tous ceux qui aimeraient que soit protégée la nature, alors même qu’ils n’en sont pas propriétaires et ne font pas grand chose de concret pour elle, sinon râler bien entendu. Les papillons prospectus sont toujours exotiques, et il est bien dommage que les publicitaires de la SNCF ne fassent pas de pub pour les papillons de chez nous mais une fois de plus, nos contemporains tombent à côté du sujet qu’ils pourraient promouvoir !

Ah j’oubliais, un SCOT vous connaissez c’est un schéma de cohérence territorial, et j’ai renoncé à y faire inclure des espaces préservés pour les papillons, mais ça ne coûte rien de persévérer après tout !

Si cela servait à préserver Colias !

Notre Colias le plus connu est fort opportunément nommé chez nous : « Le Souci ». Les Anglais disent Dark Clouded Yellow ou Common Clouded Yellow. Les allemands, Postillon ou Wander-Gelbling. Oranje luzernevlinder en néerlandais et Szlaczkoń siarecznik en polonais. Tout ça pour vous confirmer que les noms vernaculaires ne signifient pas grand chose, sauf une certaine mélancolie s’agissant de notre propre langue. Le véritable nom latin est Colias croceus, ce qui immanquablement nous fait nous interroger sur la place de la croix dans cette affaire ? Attention aux contre-sens : croceus signifie précisément de couleur safran, et décrit l’orange de notre Colias , pas autre chose, rien de religieux, restons laïcs tout de même !

toujours Jacob Hübner
Nous avons un autre Colias qui se nomme Hyale. Il n’y a pas d’homogénéité dans les noms des papillons car cette fois-ci, Hyale désigne une nymphe. Une nymphe de la suite de Diane. Quand elle fut aperçue dans le bain par Actéon, elle puisait de l’eau dans les urnes, pour la répandre sur la déesse.

En montagne, on trouve « le solitaire », colias palaeno. Je dois reprendre mon dico de latin ! Palor, aris, ari, intr, signifie errer ; aller ça et là. Vagi palantesque, c’est errants et dispersés. Palantia sidera, ce sont les astres errants.  Notre palaeno, c’est errant. Pas le juif errant, mais le colias errant. En montagne on l’entrevoit voler à toute vitesse en effet, errant sur les pelouses, escarpées propres à se fouler une cheville, on ne risque pas sauf chance extrême de l’attraper d’un coup de filet !

Les colias forment une famille très intéressante des piérides, qui vivent sur le choux, mais pas que. Nous avons déjà parlé des piérides avec Anthocaris, celui des cardamines et celui de la biscutelle. Il était temps d’aborder les Coliades qui sont des papillons superbes, avec des variations passionnantes pour le collectionneur.

Puisque je feuillette les dictionnaires, autant aller au bout. Colias est vous vous en seriez douté le surnom d’Aphrodite qui avait un temple sur le cap Colias en Attique. Aphrodite retrouvée, nous sommes sauvés !


Les Soucis ont un vol très rapide, désagréable pour le chasseur,  et ils se posent toujours ailes fermées, donc ne sont pas commodes à trouver. Leur envergure varie 35 à 50 mm avec un verso jaune orangé bordé de noir marqué d'une une noire sur l'aile antérieure. Le revers est jaune d'or avec des taches noires sur l'aile antérieure.

 Les œufs jaune clair qui deviennent roses éclosent vite et donnent des chenilles vertes à poils blanchâtres ornées d'une bande blanche à points orange et noirs sur le côté. L'été elles se chrysalident en un mois. La chrysalide est elle aussi vert vif avec une raie jaune.

toujours les diapo retrouvées !

 Le Souci, notre colias le plus courant, hiverne sous forme de chenille. Il vole d'avril à octobre en plusieurs générations.

 Les plantes hôtes de sa chenille sont des légumineuses, dont la luzerne et le trèfle.

 C'est un autochtone des régions tempérées du pourtour méditerranéen et un migrateur qui arrive au printemps dans le nord de l'Europe.

Le Souci est présent en Afrique du Nord, au Moyen-Orient jusqu'en Iran, dans toute l'Europe sauf le nord de la Scandinavie.

Je vous confie un secret : j’ai bien connu à Rennes un professeur de l’Ecole Nationale d’Agronomie de Rennes, l’ENSAR qui participe grandement à la renommée de la première ville de Bretagne. La semaine, il enseigne les mathématiques à la Grande Ecole d’agronomes. Le dimanche il joue de la harpe celtique avec ses enfants, célébrant la tradition de la musique celte. C’est un magnifique chasseur de papillons, et il parcourt toute la méditerranée au cours des vacances d’été pour rechercher les Colias en Turquie et dans les pays limitrophes. Il possède des tas d’espèces méditerranéennes, et des tas de variations géographiques. Je me souviens sa tristesse de voir les populations se raréfier au cours des années. L’ennemi n’était pour une fois pas les pesticides, mais le surpâturage : les troupeaux de chèvres et de moutons rasant les pelouses de légumineuses empêchaient les pauvres chenilles de colias de trouver leur pitance.

Une fois encore, comment préserver un équilibre entre les espèces dans une nature saturée ?

Nous n’avons qu’une planète, nous n’avons des pâturages qu’en quantité finie. Nous ne pourrons devenir réellement dix milliards d'humains qu’en nous empilant dans des tours comme à Dubaï.



J’écris ces lignes en pensant à mes petits enfants

pour qu'ils voient, au moins cette fois, des Colias

à la robe safran  !

Mnemosyne

"Ils" ont oublié de le peindre !

on voit bien que mnemosyne n'est pas fini, à côté de ses cousins sur-détaillés !

En langage vulgaire, c’est le semi-apollon, notre troisième après Parnassius apollo ; et phoebus que je vous ai déjà présentés. Vous vous rappelez comme j’étais fier de leurs soleils flamboyants dans les ailes postérieures ? et comme je cherchais l’apparition de taches rouges dans les ailes antérieures ? Et comme j’étais fasciné par les exemplaires himalayens décorés d’ocelles bleus, ou mieux encore bardés de larges plaques jaunes ?

J’avais décidé en mon for intérieur de zapper mnemosyne, et pourtant vous voyez je m’y mets. Quand on respecte l’œuvre de Linné, on ne peut décider par sa seule fantaisie de tirer un trait de plume sur une espèce tout entière, et mnemosyne ne mérite pas d’être reconduit à nos frontières même s’il n’est que semi.

Explication : je ne le kiffe pas trop car quand ils l’ont créé, là-haut, ils ont réussi une symétrie parfaite. Ils ont créé une ossature de nervures impeccable. Mais s’agissant de la décoration, ils ne se sont vraiment pas foulés : un coup de blanc mal fait, tellement qu’ils n’ont même pas peint l’extrémité des ailes qui reste transparente. Quant à la déco : nul, deux taches noires dans les ailes antérieures, mais rien de rien d'autre, même pas une seule ocelle rouge.

Et pourtant c’est un Apollon, par les mœurs de la chenille ; par la chrysalide dans un cocon lâche. Par l’absence de la nervure aux postérieures des Papilio. Par le sphragis des femelles fécondées. Il est un tout petit peu plus petit qu’Apollo. Et donc tout blanc. Comme le tableau de Malévitch : « carré blanc sur fonds blanc ». C’est un papillon pas fini, mais c’est aussi un papillon moderne.


Il est tellement blanc qu’en vol, je l’ai souvent confondu avec le Gazé, qui un peu comme lui a zappé la cabine de peinture. Le gazé n’a aucun rapport avec mnemosyne puisqu’il s’agit d’une piéride. Les chenilles vivent en communauté dans un filet de soie dans les haies d’aubépines. Mais en montagne, il a un vol battu caractéristique qui m’a fait le confondre cent fois avec le semi-apollon. Quelle déception quand on se rapproche, et que l’on comprend sa méprise, puisque les taches noires antérieures manquent !


L’histoire de son nom commence avec les Titans. Les douze titans.

Dans la mythologie grecque, les titans (Τιτάν - Ti-tan; pluriel : Τιτνες - Ti-tânes) étaient une race de plusieurs dieux, descendants de Gaia (la Terre) et d’ Uranus, au cours de l’âge d’or.

Dans la première génération des douze, les garçons étaient Oceanus, Hyperion, Coeus, Cronus, Crius and Iapetus, et les filles Mnemosyne, Tethys, Theia, Phoebe, Rhea and Themis.
Vous voyez que Linné a puisé là-dedans quelques noms de papillons. Je vous passe la seconde génération de Titans puisqu’on a déjà identifié Mnemosyne, la déesse de la mémoire.


Vous ne serez pas étonné que Zeus la prenne comme maîtresse (j’ignore en qui il s’était déguisé pour parvenir à ses fins), et qu’il couche avec elle neuf nuits. Union réussie évidemment qui donnera neuf enfants, les Muses. Les Muses d’une manière générale président aux arts ; et chantent, renouvelant ainsi et entretenant la mémoire, leur mère.

Mnémosyne, coiffée du nœud pythagoricien, est associée à Léthé, l'oubli. Boire les eaux du fleuve Léthé c'est tout oublier de la vie humaine, ses violences, c’est mourir à un monde infernal pour renaître purifié. Comme je cherche la perfection, et que cette lecture peut vous préparer aux jeux des mille Euros sur France inter le midi, je vous refile le nom des neuf muses, pour vous re-faire découvrir la provenance du nom d’une célèbre voiture  Renault :

Clio, muse de l’histoire et maintenant baptisée « grande pour une petite » . Thalie de la comédie. Erato de l’élégie. Euterpe de la musique. Polhymnie de la posésie lyrique. Calliope de l’éloquence. Terpsichore de la danse. Uranie de l’astronomie évidemment. Et Melpomène de la tragédie. Le sarcophage des Muses (c. 160 avant notre ère) les représente au Musée du Louvre.

Elles demeuraient dans les montagnes, en particulier celles de l'Hélicon, en Béotie, et de Piérie, près de l'Olympe. Elles possèdent des voix si belles et leurs chants sont si beaux qu'un jour le mont Hélicon où elles résident se gonfla de plaisir au point d'atteindre le ciel. Pégase, d'un coup de sabot, fit jaillir la source Hippocrène pour qu'il revienne à sa forme initiale. Les Muses étaient associées à Apollon en tant que dieu de la Musique et des Arts. Elles dansaient avec lui et avec d'autres divinités, les Grâces et les Heures, lors des fêtes sur l'Olympe.

Vous savez tout, et vous devinez maintenant pourquoi Linné a choisi le nom de la mère des Muses pour nommer son semi-apollon qui n’a pas d’ocelles rouges mais mériterait d’en avoir. Il a cherché à illustrer le chant, la danse, et l’alliance des Muses avec Apollon lors de parties organisées le samedi soir tout autour du mont Olympe.

Je vous ai dit pourquoi je ne n’ai jamais attrapé beaucoup de mnemosyne. Vous avez vu plus haut ma toute petite boite, et vous l’aurez ainsi repéré dans les deux colonnes de gauche.


J’avais tort sans doute et ai failli tout faire rater ? J’avais en effet un devoir de mémoire s’agissant de ma collection, un devoir pour mes garçons si assidus lors des chasses de leurs dix ans. Et puis ces quelques notes sur mes amis papillons constituent un « exposé », scientifique sans doute pas,  littéraire en partie. S’il est  réalisé par un étudiant en fin de cycle universitaire, en France (la patrie où l’on parle le français), on appelle cela un master, l’étudiant peut devenir master, butterfly master !

Depuis le temps que j’y pense, il faut que je m’inscrive à la fac !


Quand on voit ce qui se passe en ce moment dans le monde, il y a d’autres devoirs de mémoire plus graves que tout cela : en voici un témoignage poignant, parmi tant d’autres, et encore on est dans les années 1920, après la première guerre mondiale, il y a donc près de cent ans….cent ans...!


Décidément, il ne fallait pas oublier mnemosyne…..



mardi 29 mars 2011

Gonepteryx cleopatra

Pressé comme un citron
Sauf en Provence !


Gonepteryx ça vous rappelle des souvenirs ? Apteryx par exemple. Non, pas Astérix, ça ne s’écrit pas pareil ! C’est grâce à ce fil conducteur de l’oiseau fossile, que j’ai fini par me souvenir que pteryx désignait les ailes en grec. Quant à gone, il suffit d’avoir quelques notions de géométrie, ou encore de réfléchir à nos racines gauloises, pour évidemment penser à l’hexagone. Les Gones, ce sont les gosses de la colline de la Croix Rousse à Lyon. Mais ce sont aussi les angles, ou encore les coins d’une figure en géométrie. Il y a donc des papillons qui ont une forme géométrique ? C’est le cas du citron, à cause de sa couleur citron, la boisson que l’on obtient en pressant le fruit acidulé. En pratique, il a des pointes caractéristiques aux ailes, et là encore les dessinateurs de l’au-delà ont joué à découper des « festons-gones », en partant d’une feuille de papier de forme rectangulaire. On s’en rend compte quand notre papillon est étalé réglementairement dans notre collection. C’est donc le papillon « dont les ailes-ont-des-coins ».

Le nerprun alaterne (Rhamnus alaternus L.), mais comme d’habitude il y a plein d’autres Rhamni (j’utilise i cette fois pour le pluriel, un rhamnus ; des rhamni) est un arbrisseau caractéristique des garrigues méditerranéennes. C'est l'un des divers représentants du genre Rhamnus, appartenant à la famille des Rhamnacées. Ses minuscules fleurs jaunâtres, dioïques, apparaissent au mois de mars, parfois avant. Ses fruits sont des baies d'abord rouges, puis noires à maturité.

Le nom vernaculaire « nerprun » correspond au latin populaire niger prunus, « prunier noir », évoquant la couleur des baies. D'étymologie obscure, le qualificatif alaternus désignait déjà la plante en latin, tout comme Rhamnus, d'origine grecque.

Gonepteryx rhamni, vous voyez, notre très "classique" papillon citron, si facilement observable dans les jardins, est donc une figure géométrique ailée, vivant sur les rhamnos (le génitif pluriel). Je l’aime beaucoup car comme beaucoup d’humains, et donc de fonctionnaires, il manifeste un tropisme marqué pour la Riviera.  Il y a comme ça des papillons qui vivent au nord de la Loire. Et puis il y en a d’autres, partant du même modèle, qui préfèrent le midi. Pourquoi sont-ils plus colorés ? Je l’ignore mais vous observerez que plus on va vers l’Equateur, plus les couleurs de nos insectes deviennent éclatantes. C’est le cas de notre citron, puisqu’à côté du modèle chti, blanc couleur frimas, il existe sa variante marseillaise ou niçoise, jaune orangé, couleur soleil. Comme l’aurore chti et l’aurore de provence. Qui sont l’une blanche ; l’autre d’un beau jaune.

 Il y a donc un citron du nord, et un citron du sud. Ce papillon justifie donc la mobilité des fonctionnaires du nord, pour choisir de vivre définitivement au sud où vivent les deux espèces (de citrons). C’est la solution  que nous avons décidé de retenir, car entre la cuisine au beurre et celle à l’huile, la seconde présente des avantages : vivre dehors, nager dans la piscine tout l’été, et boire du pastis, en profitant du french paradox. Car il est conseillé pour la santé d’assaisonner la salade avec de l’huile d’olive, de manger beaucoup de tomates au pistou avec de l’ail, et de griller des mérous sur le barbe-cue. Ce qui explique le nombre d’anglais qui depuis des temps immémoriaux choisissent de "promenader" à Nice et dans toute la Riviera. Et d’y boire toujours davantage le rosé frais de Provence.


Notre citron est le messager du printemps, et, dès la sortie de l'hiver, il est l'un des premiers à montrer le bout de ses ailes. C’est un des papillons les plus communs et les plus faciles à observer. On le reconnaît grâce à sa face supérieure jaune citron chez le mâle, ou vert pâle pour la femelle, avec un point orange au centre de chaque aile, quelque soit le sexe.

Posé sur une fleur, il a toujours les ailes refermées ce qui lui permet de se confondre avec la végétation et de passer inaperçu des prédateurs. Cette posture est d'autant plus efficace que la couleur des ailes et les nervures augmentent encore sa ressemblance avec une feuille.

Avec une espérance de vie supérieure à un an, le citron fait partie des papillons européens ayant la plus longue existence. Réfugié au sein de plantes à feuillage persistant (généralement du lierre), les ailes repliées, il est l’un des rares papillons hivernant à l'état adulte et le seul, dans nos contrées, à le faire en plein air (les autres lépidoptères, hivernant adulte, cherchant un abri sous un toit, dans un trou d'arbre ou une grotte). Cette caractéristique explique probablement son hibernation "légère", puisqu'il peut se réveiller n'importe quand si la température est clémente. Ainsi, il n'est pas rare de le voir faire son retour très tôt au printemps, parfois même avant qu'aucune fleur ne soit ouverte.

La femelle pond une fois par an, à partir du mois d'avril. Les œufs sont de couleur jaune/vert crème et de forme fuselée. Après l'accouplement, ils sont fixés isolément sous les jeunes feuilles de la plante hôte.

La chenille est verte, rayée de blanc sur les côtés, et comme celle des piérides se confond parfaitement avec le support de sa plante hôte.


En l’an 48 avant Jésus-Christ,  Jules César tombe amoureux de Cléopâtre, lui fait un fils et la rétablit sur son trône d'Égypte. Quatre ans plus tard, après l'assassinat de Jules César, c'est au tour de Marc Antoine de tomber amoureux de la belle. Cléopâtre (Cleopatra) est un film américain réalisé par Joseph L. Mankiewicz et sorti en 1963. C'est le film de tous les superlatifs : un monument de quatre heures, au tournage titanesque et rocambolesque, qui mit son studio au bord de la faillite, avec moyens énormes, distribution de têtes d'affiches, et caprices d’Elisabeth Taylor, qui prête difficilement son joli nez à la véritable reine.

Cléopâtre VII Théa Philopator (en grec, Κλεοπάτρα Φιλοπάτωρ) gouverne son pays entre -51 et -30, successivement avec ses frères et époux Ptolémée XIII et Ptolémée XIV puis avec le général romain Marc Antoine. Elle est connue pour ses relations successives avec Jules César et Marc Antoine sur le plan politique (et amoureux). Et pour son nez bien sûr.

Il est difficile de cerner la véritable personnalité de Cléopâtre, qu'un certain romantisme a contribué à déformer, mais elle possède à l'évidence beaucoup de courage et se révèle suffisamment puissante pour inquiéter les Romains. Aucune source sûre ne vient nous éclairer sur son aspect physique qui échappe apparemment à un classement esthétique banal. Le buste de Cherchell à l’Altes Museum de Berlin réalisé bien après sa mort, à l'occasion du mariage de sa fille, Cléopâtre Séléné, avec le roi Juba II de Maurétanie, est certainement idéalisé, puisqu’il a sculpté de mémoire si l’on peut dire, le modèle étant défunt quelques milliers d’années auparavant. Certains auteurs antiques insistent sur sa beauté presque divine. Les quelques pièces de monnaies donnent l'image d'une femme aux traits lourds et au nez assez proéminent. Nous savons qu'elle a une présence forte et du charme, qu'elle dégage une puissante séduction et que cela est complété par une voix ensorcelante ainsi qu'un esprit brillant et cultivé. Le nez stricto sensu, vous voyez, n’est peut-être pas si harmonieux que l’on imagine. La peau est merveilleusement douce, ointe qu’elle est du lait d’ânesse dans lequel se baigne la reine. On trouve du lait d’ânesse dans une ânerie de la banlieue de Toulouse, et Anne qui se baigne régulièrement (dans ce lait), en ressort avec une peau digne de Vénus. Je suis à même d’attester de tactu les vertus de ce genre de soins pour la peau (d’Anne).



Cléopâtre brille surtout par l’esprit : alors que l'éducation des filles, même de familles royales, est négligée dans le monde grec ou hellénistique, Cléopâtre bénéficie apparemment de l'enseignement de pédagogues cultivés. Plutarque insiste sur ses qualités intellectuelles. C'est ainsi que Cléopâtre, véritable polyglotte parle, outre le grec, l'égyptien (elle est reine d’Egypte ça vaut mieux) mais aussi  l'araméen, l'éthiopien, le mède, l'arabe, sans doute aussi l'hébreu ainsi que la langue des Troglodytes, un peuple vivant au Sud de la Libye. De tels dons ne la laissent sans doute pas longtemps démunie face au latin, encore que des Romains aussi cultivés que César parlent un grec parfait.


Il faut bien qu’avec de telles qualités notre citron de Provence soit plus beau que son cousin normal. En effet, il porte sur ses ailes antérieures un placard supplémentaire d’un bel orange qui le rend beaucoup plus voyant. Paradoxe, c’est le mâle qui tel César porte ces atours supplémentaires, alors que la belle Cléopâtre, elle, ressemble comme une goutte d’eau à la citronne commune. Quant au nez, ne le cherchez pas, il est en effet très spécial….

… c’est une trompe !

Je vous sens décontenancé, à la fin de cette petite histoire de Citron, dont le prétexte a été d’évoquer la belle Cléopâtre. Ce n’est pas ma faute si Linné, une fois encore, a choisi une référence illustre pour nommer un simple insecte ! Vous vous dites cependant, puisque j’illustre mes petits textes par des photos évocatrices, que j’aurais pu me fendre d’une représentation quelconque, destinée à vous émouvoir en vous montrant le portrait de la célèbre Reine ?


Je pense bien, n’est-ce pas, je vous connais un peu, vous réagissez comme moi  ?

 Rassurez vous, et je me dis en sus que ce serait bien si je vous montrais davantage les métamorphoses de mes amis papillons, puisque c’est l’un de leurs prodiges, que de sortir périodiquement de leur enveloppe passée, pour changer de formes et se régénérer en êtres d’essence toujours plus aboutie.


                                  Eh bien voici la chenille de Gonepteryx Cleopatra   au dernier stade.


Profitez en bien, vous ne la verrez sous cette forme dans aucun traité sérieux d’entomologie.



                                                        C’est une forme mutante, extrêmement rare,



                                                              Et je crois que moi seul l’ai jamais vue !


Ascalaphe n'est pas un papillon

Mais un cheval de Troie

Même les informaticiens s’y mettent… à la mythologie grecque ! Non ? et  bien vérifiez donc si votre ordinateur préféré est bien propre et bien clean ; vous en êtes-si sûr ? alors déclenchez votre anti-virus, et vérifiez si vous n’hébergez pas, à l’insu de votre plein gré comme disent les nuls de l’info, un trojan virus, un cheval de Troie !

Ah oui, vous connaissiez ! Pour vous un virus est un cheval de Troie en effet ! parler anglais, tout à coup, ne vous pose plus problème ! Allons : un coup de symantec ou autre norton anti-virus, votre disque dur va être scanné, et gageons que votre virus va être repéré, débusqué, démasqué, mis en quarantaine, et désintégré car il représente le mal, et nous ne recherchons que le bien dans toute cette quête de pureté qui nous obsède.

Dans la mythologie grecque, Ascalaphe (en grec ancien σκάλαφος / Askálaphos) et Ialmène (άλμενος / Iálmenos) sont deux frères, fils d'Arès et d'Astyoché.

Ils règnent sur Orchomène et font partie des leaders de la guerre de Troie, où ils conduisent trente nefs béotiennes d'Asplédon et d'Orchomène. Ascalaphe est tué au combat par Déiphobe tandis qu'Ialmène fera partie des guerriers présents dans le cheval de Troie. Selon Strabon, lors du retour de Troie, Ialmène conduit une troupe d'Orchoméniens qui se fixe dans la région du Pont.

Il faut savoir qu’après avoir vainement assiégé Troie pendant dix ans, les Grecs ont l'idée d'une ruse pour prendre la ville : Épéios construit un cheval géant en bois creux, dans lequel se cache une section de soldats menés par Ulysse. Un espion grec, Sinon, réussit à convaincre les Troyens d'accepter l'offrande, malgré les avertissements de Laocoon et de Cassandre. Cassandre vous le savez avait le don de clairvoyance. Mais en échange de cette particularité, les Muses l’avaient « mal barrée » comme on dit aujourd’hui, car personne ne voulait croire ses prédictions. On comprend bien que disant à ses contemporains qu’il ne fallait pas faire entrer le cheval, les-dits contemporains n’aient eu qu’une réaction : faire le contraire ! Je le sais bien moi à qui c’est arrivé cent fois ! Bref !

Le cheval est tiré dans l'enceinte de la cité, et c’est la fête naturellement, comme quand le Royal de Luxe fait entrer le Géant-scaphandrier  à Berlin pour prendre dans ses bras la petite Gretchen de l’Est, pour fêter l’anniversaire de la chute du mur. Les bars restent ouverts toute la nuit, le whisky-coca, bière et autres boissons énergisées coulent à flots, et les troyens enivrés sombrent dans les vapeurs de l’alcool, dépassant la limite autorisée par la réglementation qui leur interdit de conduire un véhicule. Alors les grecs (qui sont à jeun dans le cheval, que ça les rend fous) en sortent, ouvrent les portes de la ville, permettant au reste de l'armée d'entrer. Vous imaginez le massacre ! Ils pillent la ville. Tous les hommes déjà ivres-morts sont tués définitivement. Les femmes et les filles sont emmenées comme esclaves, non sans avoir été scrupuleusement violées comme d’habitude. Les enfants mâles sont tués eux aussi pour éviter une future vengeance.

Dans l'épisode du cheval de Troie, Ulysse est déjà connu  pour sa métis («intelligence rusée»), qui le conduit à être recherché comme « consultant » auprès des puissants. En fait il invente la ruse. La ruse se distingue de la triche mais aussi du délit (ou du crime) en cela qu’elle est autorisée par la loi ou les règles de l'usage, du jeu, de l'art, de la société, ou des accords internationaux. En l'espèce de l'art de la guerre chez les grecs, il s'agit plus particulièrement d'une ruse de guerre.

Linné rend hommage en cette nuit mémorable où il lui a consacré une heure de sablier, à la larve du fourmi-lion, en lui reconnaissant l’art de la ruse, de savoir creuser des entonnoirs en sable grâce à une manœuvre-en-spirale-reculée. Plus tard cette manœuvre figurera en bonne place dans les figures des patineurs sur glace qui concluront par une pirouette sur place, (cambrée ou arabesque, avec des tas de variantes) puisqu’il n’est pas question qu’ils se fassent leur partenaire-fourmi pour finir, même si des mecs comme moi aimeraient bien que (de temps en temps seulement) ça puisse finir comme ça.


Nous sommes en 1758, toujours cette fameuse féconde année pour Linné qui gratte le jour les noms des papillons de jour, et poursuit la nuit à la lueur de la bougie pour les papillons nocturnes. Je parle de papillons mais tout l’univers vivant y passe. Pas d’ordinateur à cette époque, donc pas de  trojan horse non plus, mais tout se fait à la main, ou plutôt à la plume, sans pouvoir sauver son texte, ni faire des copies. L’enfer pour une secrétaire de direction, qui de nos jours lancerait immédiatement une pétition pour refuser de telles conditions de travail.

Linné ne dit rien, bosse et écrit, infatigable.

Nous avons vu qu’il a deux bouquins consacrés à la mythologie grecque sur le bureau, et qu’il les feuillette inlassablement, pour y rechercher les Héros qui vont donner leur nom à toutes ses créatures. Linné de temps à autre (il n’a pas la télé non plus) s’embarque dans sa lecture, se plonge dans ses réflexions, et se dit :

-«si Ulysse était à mes côtés, mon œuvre irait plus vite, et il me conseillerait utilement pour les noms idoines».

         Las, il reste seul.

Ca ne l’empêche pas nous l’avons dit de gamberger (on dit méditer c’est plus noble et plus élevé). Pardon !

Et comme il a fini de nommer les papillons, et qu’il a décidé d’attaquer les libellules, voilà qu’il se met à gamberger sur le fourmilion. « Le lion qui croque les fourmis » ; en recourant à un piège. En rusant comme l’a fait Ulysse.

Et il décide de consacrer une heure, pas plus (on le voit retourner son sablier pour décompter le temps, mon histoire se passe à la lueur de la bougie, un samedi soir, de vingt deux heures à vingt trois heures). Pas plus car après il doit faire ses comptes personnels, toujours à la main ce qui est fastidieux. Une heure au fourmilion. Les comptes, et puis re-libellules. Puis correspondance avec ses copains entomologistes d’Europe, car il en a partout. Et pas d’emails comme aujourd’hui. Coucher une heure du matin. Lever, cinq heures (Linné comme faisait Napoléon ne dort que quatre heures par nuit ; mais il peut s’accorder une sieste de vingt minutes à quatorze heures entre deux noms de fourmis.).

C’est à ces rares mais fructueuses occasions qu’il lui arrive de batifoler avec Sara-Elisabeth qu’il a épousée le 26 juin 1739. Elle lui a plus à cause de ses deux prénoms. En tous cas ils auront sept enfants, deux garçons et cinq filles.

« Nomina si nescis, perit et cognitio rerum
Si tu ignores le nom des choses, même leur connaissance disparaît »

Alors il donne leurs noms à ses mômes. Rassurez vous, des noms bien orthodoxes (je veux dire : bien catholiques) : Carl comme lui ; Elisabeth, comme elle ; Sara-Magdalena , Lovisa, Sara-Christina ; Johan  et Sofia.

Vous notez qu’il expérimente deux fois  son système de nomenclature binominale, qui permet de désigner avec précision toutes les espèces animales et végétales (et, plus tard, les minéraux) grâce à une combinaison de deux noms latins (le binôme), qui comprend :

-un nom de genre au nominatif singulier (ou traité comme tel), dont la première lettre est une majuscule ;

-une épithète spécifique, qui peut être un adjectif, un nom au génitif ou un attribut, s’accordant avec le genre grammatical (masculin, féminin ou neutre) du nom de genre. Il est écrit entièrement en minuscules. L’épithète évoque souvent un trait caractéristique de l’espèce, et peut être formé à partir d’un nom de personne, de Héros mythologique, d’un nom de plante, de lieu, etc.

Le nom de l’espèce est constitué par l’ensemble du binôme. Ces noms sont « réputés latins », quelle que soit leur origine véritable (grecque, chinoise ou autre), et écrits en alphabet latin.

Ce système binominal permet d’éviter de recourir aux noms vernaculaires, qui varient d’un pays à l’autre, voire d’une région à l’autre. Comme l’a fait l’Eglise catholique et universelle pour le latin de la messe, les hommes du monde entier peuvent maintenant se comprendre pour désigner les mêmes espèces vivantes.


« Le fourmilion flavicorne" (Megistopus flavicornis) doit son nom à la couleur jaune (flav-) des massues à l'extrémité de ses antennes (cornis). C'est un fourmi-lion car les fourmis sont les principales proies dont se nourrissent les larves. Elle s'attaquent aussi aux araignées et à d'autres petits insectes.



C’est en effet la larve qui intéresse Linné : c’est une espèce de cheval (j’exagère beaucoup) qui s’enterre dans un entonnoir qu’elle creuse elle-même (avec ses petites pattes) dans le sable. Elle y déploie pour ce faire la ruse d’Ulysse, puisque pour tromper son monde sans doute, elle tourne en rond en reculant (sans rétroviseur) en spirale. Et l’entonnoir parfait creusé, elle s’enfonce au fond, bien au centre, mâchoires seules sorties. Les fourmis qui passent sur le chemin de sable tombent dans le cratère, astucieusement conçu pour que les grains de sable à 45° glissent d’eux-mêmes, faisant ébouler les parois, et précipitant les malheureuses dans la gueule du monstre enfoui. C’est un spectacle si vous l’avez observé d’une violence inouïe ! « Vae victis », malheur aux victimes-fourmis. Quand vous êtes sur place devant l’entonnoir, et que les fourmis pas connes qui se passent le mot se font rares, le jeu consiste naturellement à rabattre toute fourmi égarée vers l’endroit dangereux avec un brin d’herbe, pour jouir de sa chute. C’est bon alors de se sentir épargné de cette sauvagerie.

Quand plus tard le fourmilion ailé naît de cet engin de torture, il est tout cool et ailé comme une libellule, on en ferait une peluche pour les gosses. Mais il faut savoir qu’il a été dans une vie antérieure aussi dangereux qu’une mine anti-personnel s’agissant des fourmis et autres promeneurs sur les chemins de sable.

Moi j’adorais aller dans les anciennes carrières qui avaient fourni les pierres du château de Tarascon, célèbre ville des bords du Rhône. Et d’y retrouver mes Myrmeleontidae. (ça se traduit syllabe par syllabe). Un peu d’effort que diable !

Je connaissais bien Thérèse Aillaud, qui était secrétaire-générale de la sous préfecture d’Arles, et disciple d’Aphrodite dans le civil mais ça je ne l’ai appris qu’après. Secrétaire se dit au masculin, mais ça fonctionne au féminin, et pour ça elle avait le peps ! Elle était née à Tarascon, et connaissait chacun dans la cité, centre des célèbres tissus provençaux la Soleiado, à telle enseigne qu’elle se mit en tête de devenir maire à la place du maire qui il est vrai n’en fichait pas une rame. Sa stratégie de communication pour mener sa campagne électorale était affriolante : elle s’était entourée d’une armée de militantes, jeunes provençales de Tarascon, n’hésitant pas à s’habiller du seyant costume d’Arlésienne, qui en faisait naturellement des personnages vivants du poète Mistral lors des cérémonies officielles. C’est ça elles devenaient des égéries du poète. Thérèse menait ses meetings entourée de cette  armée d’Amazones, qui le costume de Mistral plié dans la naphtaline, devenaient majorettes en petite tenue, jambes (et naturellement les autres parties de l’anatomie, mais n’ayant pu en faire l’observation, je ne puis me prononcer) bronzées par la pratique du naturisme sur les dunes accueillantes des Saintes-Maries de la mer. Je la rencontrais souvent pendant la journée (professionnelle). Et le soir pour de nombreuses soirées (mondaines) car on sort beaucoup au pays d’Arles. Je pense qu’elle était attirée autant par le beau sexe (masculin) que le beau sexe (féminin), et elle aimait beaucoup Anne à cette époque :

-« vous devriez venir à mes meetings Madame Nassiet. (elle l’appelait Anne dans l’intimité). Ils sont très gais mes meetings, et on y fait des tas de rencontres, vous serez mon invitée personnelle…et puis, je vous dirai comme trouver des tissus chez Soleiado » !

Tu parles s’ils étaient pleins ses meetings ! Tous les mecs étaient attirés comme des papillons autour d’un belvédère, et je puis vous dire, les phéromones dans les soirées, ça dégageait un max !

Thérèse a été élue maire évidemment, et a commencé de secouer une ville endormie sur son Château. Comme quoi les Amazones qui font de la politique peuvent secouer les institutions !

Anne a parfois des vagues à l’âme en se souvenant de ces histoires : elle aurait pu devenir elle aussi amazone, égérie, ou même une nymphe, mais elle se méfiait trop de devenir Corinthe !

Bien sûr vous ne pensez pas (ce serait un grave faux-sens), que j’ai repensé à Thérèse en décrivant les mœurs du fourmilion ! Encore que ses dents, elle était ambitieuse, pouvaient rayer le parquet !



J’en viens à l’Ascalaphe !


- Libelloides coccajus leucelius

 « L'ascalaphe soufré (Libelloides coccajus), appelé parfois "ascalaphe libellule", "ascalaphe fausse libellule" ou "ascalaphe de mai", est un insecte ptérygote (Pterygota) appartenant à l'infra classe des néoptères (Neoptera), au superordre des mécoptéroïdés (Mecopteroida) à l'ordre des névroptères (Neuroptera), au sous ordre des Myméléontiformes (Mymeleontiformia), à la super famille des Myrmeleontoidea, à la famille des ascalaphidés (Ascalaphidae), à la sous famille des Ascalaphinae et au genre Libelloides. »

Je vous l’ai servi tel quel dans le texte !

                          Ouf !

En France dans la famille des ascalaphidés (Ascalaphidae) on ne rencontre généralement que des insectes appartenant aux genres suivants :

• Libelloides,
• Bubopsis,
• Deleproctophilla,
• Puer.

Auparavant l'ascalaphe soufré était classé dans le genre Ascalaphus qui est réservé désormais (du moins il semblerait) aux espèces du nouveau monde.

Plusieurs noms latins ont été utilisés pour désigner l'ascalaphe soufré, et notamment :
• Ascalaphus coccajus,
• Ascalaphus libelluloides.

L'ascalaphe soufré est un insecte particulier dont l'apparence première fait penser immanquablement à un croisement entre un papillon et une libellule. Presque un O.G.M, un organisme génétiquement modifié ! Cependant les ailes de l'ascalaphe soufré ne possèdent pas d'écailles comme c'est le cas chez les papillons.

L'ascalaphe soufré est présent de la partie septentrionale de l'Espagne, jusqu'au sud de l'Allemagne ainsi qu'en Suisse et en Italie. En France l'ascalaphe soufré est présent plus particulièrement à l'est d'une ligne allant de la côte Basque jusqu'au Jura. Ailleurs il est rare ou absent. En région Ile de France l'ascalaphe soufré est protégé.

C’est un insecte héliophile. On le retrouve dans divers biotopes, secs ou humides, acides ou calcaires, comme les éboulis rocheux, les versants ensoleillés des montagnes et collines, les prairies et pelouses, les forêts claires, le littoral marin, du niveau de la mer jusqu'à 2200 mètres d'altitude et parfois plus.

Il est courant à Tarascon sur Rhône. A Tarascon il y a la même usine de pâte à papier qui sent le chou, que j’ai retrouvée beaucoup plus tard à Saint-Gaudens, à quelques centaines de kilomètres plus au sud ; quand je sens le chou, je pense à l’Ascalaphe et je suis bien le seul dans mon cas, parce que ça ne fait penser d’habitude qu’à du chou assez pourri !

L'imago, diurne, qui ne vit que quelques semaines, vole du mois de mai jusqu'au mois de juillet en fonction de l'altitude et du climat. Il possède quatre ailes membraneuses, transparentes, avec des nervures noires bien marquées.

Les antennes sont noires, fines, longues et en massues comme chez certains papillons. L'abdomen, noir, possède 10 segments. Celui des mâles se termine par une paire de cerques recourbés en crochet qui lui servent à agripper la femelle lors de l'accouplement.

L'envergure est comprise entre 4 et 5,5 centimètres. Les ailes présentent de grandes taches jaune soufre (d'où le nom). Le reste des ailes est transparent avec des nervures noires bien visibles. Chez certains spécimens les taches jaunes sont remplacées par des taches crème ou blanches. Au repos les ailes sont serrées le long du corps, en "toit", cependant lorsqu'il réchauffe ses ailes il les tient étalées.

L'imago possède un vol très vif et rapide. Il est diurne et chasse aux heures chaudes et ensoleillées. Le reste du temps il s'accroche à la végétation. C'est un insecte carnivore qui se nourrit d'autres insectes (souvent des diptères : mouches, moucherons...) qu'il capture en vol.

Après fécondation les œufs sont pondus à la base des végétaux, sur deux rangées. Les larves vivent dans les herbes basses, sous/dans la litière ou sous les pierres. La larve, carnivore, possède des mandibules très développées. Mais elle n’a pas la ruse du fourmilion et ignore l’art de l’entonnoir.

Les allemands l’appellent : libellen-schmetterlingshaft.


                                    Mais ce n’est pas un papillon.

                                    C’est un trojan horse !




mes amis sphinx

posent toujours des énigmes

à chaque sphinx sa plante nourricière  lui donne son pré-nom

Dans la mythologie grecque, le Sphinx ou la Sphinge est une créature fantastique appelée Phix dans le dialecte béotien, fille de Typhon (ou d'Orthos) et d'Échidna, ou encore selon Hésiode d'Orthos et de la Chimère. Elle est représentée avec un buste de femme, un corps de lion et des ailes d'oiseau.

Le mot grec est féminin, ce qui explique les transcriptions anciennes «Sphinge» ou «Sphynge». L'usage français a retenu le masculin pour le mot. Nos sphinx à nous sont bien sexués, même s’il faut bien avouer la difficulté de distinguer aisément Monsieur et Madame : ce sont des papillons. On peut avec de l’imagination leur prêter un puissant corps fuselé de lion si l’on veut. Des ailes d’oiseau qui ont été copiées par les avions de chasse. Tout en eux est inspiré par l’aérodynamisme et a été optimisé dans une soufflerie, bien que leur vitesse ne soit pas supersonique. Au repos, leurs ailes sont repliées en toit, les ailes postérieures complètement cachées. En action, ce sont des chasseurs de nuit, et ils manœuvrent au radar bien avant son invention au début du XXè siècle. Leur ravitaillement a été prévu pour se faire en vol, grâce à une longue trompe leur permettant le transvasement depuis les fleurs les plus profondes. Et on a déjà vu pour Atropos que comme un avion de chasse, il porte sur le fuselage les marques de ses victoires, dans le cas d’espèce le crâne d’un ennemi défait. En tous cas c’est un homo sapiens, et ce crâne humain sur un thorax de papillon fait réfléchir les hommes depuis la nuit des temps.


Envoyé par Héra en Béotie suite au meurtre du roi de Thèbes Laïos, notre sphinx commence à ravager les champs et à terroriser les populations. Ayant appris des Muses une énigme, il déclare qu'il ne quittera la province que lorsque quelqu'un l'aura résolue, ajoutant qu'il tuera quiconque échouera. Il sonne au fond le début des jeux télévisés. Le vainqueur va gagner des millions. Le vaincu sera décapité, la honte à la télé.

Le régent, Créon, promet alors la main de la reine veuve Jocaste et la couronne de Thèbes à qui débarrassera la Béotie de ce fléau.

Je dois faire une parenthèse au sujet de la situation de Jocaste, qui est encore une toute jeune veuve quand survient cette histoire : elle a été mariée à Laïos roi de Thèbes dont nous venons d’apprendre la mort. Vingt ans auparavant suivant nos propres déductions,  un oracle (venu de Delphes naturellement) a averti Laïos que s’il engendre un garçon, il tuera son père et épousera sa mère. Laïos, prudent, se garde alors de toute relation avec son épouse. Une nuit pourtant, il abuse de l’ambroisie et autres liqueurs fermentées en usage à cette époque. Trop de chasteté nuit voyez vous ! Et sous l'emprise de la boisson, il ne peut résister, il exerce son droit conjugal. Il est Roi quand-même ! Pas de pilule du lendemain, et on va en voir les conséquences,  Jocaste  engendre neuf mois plus tard Œdipe. Pour conjurer l'oracle, le père abandonne l'enfant au bec des vautours du mont Cithéron. Mais Œdipe est recueilli par le roi de Corinthe, Polybe, et élevé loin de Thèbes. Du coup, il ne connaît pas ses parents, ni père, ni mère. Orphelin total il est Oedippe. Je vous dis pas les frustrations de ses moi et  surmoi. Freud aurait adoré ce patient perturbé. Il se  rattrapera plus tard.

C’est même pire que ça, et nous imaginons qu’Œdipe a maintenant vingt ans. Il  est majeur, car à l’époque on était un homme bien avant l’âge actuel d’entrée dans la vie active, cet  âge étant décalé à cause de la longueur des études universitaires, bref. Il a du changer, sans doute porte-t-il la barbe ?

Laïos que nous avions perdu de vue est toujours roi de Thèbes et se rend à Delphes. Il croise Œdipe sur une route étroite, alors que celui-ci fuyait Corinthe. A-t-il eu de mauvaises relations là-bas, tout porte à le craindre ! Voilà pourquoi nous vous avons relaté l’ambiance sulfureuse qui y régnait, à moins qu’Oedipe ne sorte d’une cure préventive chez le psy Antiphon, et que ça l’ait perturbé au point de vouloir fuir ? On ne sait pas. Cela ne change rien au drame qui va suivre : Œdipe laisse passer le convoi du roi, mais un écuyer tue un de ses chevaux (ou bien le convoi lui roule sur le pied selon les versions). Dans tous les cas ça ne se fait pas. Une bagarre éclate alors dans laquelle Laïos est tué par son propre fils. Ainsi, la malédiction se réalise. Et Jocaste devient veuve.

Je reprends le moment où Créon a promis la main de Jocaste à celui qui résoudra l’énigme apprise des muses.

De nombreux prétendants s'y essaient, mais tous périssent jusqu'à l'arrivée d'Œdipe. Œdipe ne paraît pas du moindre troublé par le meurtre de Laïos. Il ignore sans doute qu’il s’agit de son père, mais quand-même, il vient de tuer un Roi ! Mais que fait donc la police ? Et le voilà qui s’essaie à résoudre des énigmes. Quel sang-froid !

Il arrive devant le sphinx. Et ce dernier lui pose la fameuse énigme,  l’énigme du sphinx :

                                     Là voilà telle quelle, en grec : illisible hein ?


                        τί στιν μίαν χον φωνν τετράπουν κα δίπουν κα τρίπουν γίνεται

« Quel être, pourvu d’une seule voix, a d’abord quatre jambes, puis deux jambes, et trois jambes ensuite ?"

Deux mille cinq cent ans plus tard, on nous l’a fait cent fois et nous connaissons la réponse.

Il s’agit de l’homme. Enfant, il a quatre jambes, car il se déplace à quatre pattes ; adulte, il marche sur deux jambes ; quand il est vieux, il a trois jambes, lorsqu’il s’appuie sur son bâton.

Chez nous il ajoute quatre roues sur son fauteuil roulant, parfois électrifié, mais le sphinx ne pouvait prédire ces modernisations, auxquelles se sont ajoutées le portable, la télé, la pilule  et autres révolutions inimaginables chez les grecs. En tous cas, furieux de se voir percé à jour, le Sphinx se jette du haut de son rocher (ou des remparts de Thèbes selon les auteurs) et meurt. C'est ainsi que, Créon tenant sa promesse, Œdipe épouse  Jocaste. Nous savons, qu’elle est sa mère biologique, mais lui l’ignore. Ca va être le début d’un tas de dégâts collatéraux : comme disent les gosses dans les banlieues, on ne nik-pas-sa-mèr. Ca donne ce qu’on appelle chez les psy des complexes.

Il faut que je vous en parle un peu car pour moi, c’est ça la vraie énigme du sphinx et que vous soyez garçon ou fille, ça marche pour vous puisque le complexe peut être dans le bon sens (pour un garçon) mais pour une fille il existe aussi, sauf qu’alors il est inversé.

Dès trois ans, le garçon a l'intuition des jeux sexuels susceptibles de provoquer des sensations voluptueuses en présence d'une partenaire comme il suppose que cela se produit entre son père et sa mère. Il exhibe dès lors son pénis à sa mère et rencontre la rivalité de son père, d'abord modèle puis rival.

Cette approche est simplificatrice parce que ce n’est pas notre sujet et que je fais vite. Elle se conjoint en fait avec la position liée à la "solution" sexuelle inverse : séduction du père, hostilité jalouse à l'égard de la mère. C'est ce que l'on appelle "oedipe inversé" ou "oedipe féminin »

La phase phallique est suivie du complexe de castration : quelle que soit la solution choisie (en fait dans la majorité des cas une solution composite) le pénis se retrouve imaginairement en jeu : soit menace de castration imaginaire comme sanction par le père dans la rivalité qui oppose l'enfant mâle à son père pour la possession de la mère, soit castration imaginaire dans le cas d'une identification féminine à la mère dans une position de soumission/séduction homosexuelle passive du père. (la femme étant imaginairement perçue comme castrée).

Pour le petit garçon, s'il veut échapper à cette situation, il est conduit à renoncer à la satisfaction sexuelle avec l'un ou l'autre de ses parents, chacune des possibilités ainsi évoquées étant soumise à une menace imaginaire de castration. Il est conduit à renoncer aussi bien à la possession sexuelle de sa mère (risque de castration imaginaire par le père) aussi bien qu'à la séduction de son père (castration imaginaire par identification à la mère castrée). Par conséquent on peut dire que le garçon sort du complexe d'Oedipe du fait de la menace de castration. Le jeu des identifications conduira au déclin du complexe d'Oedipe, l'enfant constituant sa personnalité de façon composite en empruntant les éléments constitutifs de sa personnalité aussi bien à la mère qu'au père.

Depuis la célébrité de Freud, personne n’ose plus contester ce qui serait une fatalité : tout être humain serait condamné à subir le complexe d’Œdipe, puis à en sortir (grandi). C’est entre autre pour cette raison que la société bien-pensante refuse aux parents du même sexe d’élever des enfants, puisque ceux-ci ne sauraient s’identifier au parent du sexe manquant. Pire encore, certains craignent que des parents homosexuels condamnent leurs enfants à le devenir … par contagion ! Il en reste, des préjugés ! Comme tout cela  manque de simple bon sens et surtout de tolérance !

 Tout ceci nous ayant éloignés à des années lumière des papillons qui sont les sphinx-sans-sexe tels que nous en avons parlé au début de cette histoire, (et qui font pourtant des enfants).

Ce qu’il faut retenir de leur rôle finalement est qu’ils posent des énigmes qu’ils ont piquées aux Muses.

Dans la mythologie égyptienne, le mot sphinx existe aussi : il désigne un lion à tête humaine (parfois à tête de faucon ou de bélier) qui monte la garde aux portes du monde souterrain.

Les sphinx  incarnent la puissance souveraine du pharaon et sont d'abord chargés de veiller sur sa nécropole. Le plus connu est le sphinx de Gizeh qui se dresse devant les grandes pyramides du plateau de Gizeh. C'est surtout à partir du Nouvel Empire qu'ils se multiplièrent à l'entrée de la plupart des temples sous la forme de longs alignements de sphinx se faisant face de part et d'autre de la voie d'accès.

C’est de ces statues de pierre qu’on retient leur immobilité, ainsi que leur côté  énigmatique naturellement puisque leur conversation hiéroglyphique est quand-même limitée.

En introduction, je vous ai présenté rapidement la famille des sphingidae en évoquant les papillons adultes, la difficulté d’identification des deux sexes, et l’allure d’un avion à réaction fonçant dans la nuit noire à la recherche du partenaire, ou de la fleur des liserons pour le papillon dont la chenille vit sur le convolvulus.

Car généralement, le nom des sphinx va continuer d’être binomial : le nom sphinx suivi de la plante nourricière. On a parlé de populus qui donne populi au génitif ; Il y aura ligustri (du troène) : convolvuli (du liseron) ; tiliae (du tilleul) ;  nerii (du laurier rose) ; euphorbiae (de l’euphorbe) ; pini (du pin) ; populi (du peuplier que nous avons vu précédemment) ; etc…

Et c’est à la chenille qu’il faut nous intéresser maintenant. Car les chenilles de sphinx leur ont donné leur nom, cela à cause de leur allure composite, ni mâle, ni femelle, et parce que leurs formes ; couleurs et  attitudes sont vraiment singulières.

La chenille du Sphinx du troène compte parmi les plus belles, et les plus grosses, qui puissent se rencontrer en France. Hormis celle du Grand paon de nuit, il n'est guère que celle du Sphinx tête de mort dont nous avons parlé pour la supplanter en taille et beauté. Sa posture de prédilection fait penser au sphinx d’Egypte : une "hiératique attitude », très impressionnante. Comme la sphyngide mythique, qui fait peur à tout le monde et pose les questions qui tuent (les ignorants).
 
Bien entendu cette chenille se développe sur les troènes, y compris sur les haies "urbanisées", mais aussi sur les frênes, forsythia, sureaux, et lilas. Le développement est rapide, et à titre d'exemple moins de quatre semaines se sont écoulées entre la naissance des petites chenilles et leur arrivée à maturité.
 
Typiquement la plupart des chenilles de Sphingidae portent une sorte de corne, un"scolus", plus ou moins différencié, à l'extrémité de l'abdomen. Celle du Sphinx du troène est particulièrement développée, et acérée, mais en dépit de ses allures d'aiguillon elle est parfaitement inoffensive.

Le mimétisme est courant chez les sphingidae, et l’imagination des coloristes s’est déchaînée soit en copiant des formes et les couleurs pour intégrer l’animal dans les feuilles vertes ambiantes, soit comme chez Euphorbiae pour exhiber une gamme chromatique violente, montrant les risques d’ingestion par le prédateur d’une proie empoisonnée.

ligustri
Arrivée au terme de sa croissance la chenille cesse de s'alimenter, et tend à plus ou moins se "marbrer" de brun jaunâtre, voire à carrément "virer" de couleur. Dans le même temps elle témoigne d'une agitation frénétique. Notre chenille-sphinx est en mal de nymphose, et surtout en quête d'un gîte à sa convenance, et en l'occurrence d'un lieu d'enfouissement, puisqu'il en est ainsi pour toutes les espèces de Sphingidae. La chenille va s’enterrer, et quand on pratique un élevage, il est prudent de livrer une belle tranche de terre meuble à nos amies pour qu’elles puissent s’enfouir. Parfois de vingt bons centimètres pour Atropos.

tiliae
Le cycle va se poursuivre dans les profondeurs du sol pendant tout l’hiver, dans le secret de la chrysalide.

L’adulte éclora l’année suivante surgissant de sa cachette. Il lui faut un support et déplier les ailes, avant de vivre sa vie d’adulte.

Si j’avais été  sphinx, voilà l’énigme que j’aurais soumise à Oedippe : je ne me serais pas gêné, je l’aurais tutoyé (il va falloir traduire en grec, qui donc peut m’aider ?) :

« Dis-moi l’être vivant capable de ces prodiges : Il nait d’un œuf. Devient une larve rampant comme une chenille-qui-se-prend-pour-une-feuille. Un jour, elle se pend à une branche. Ou alors elle se suicide en s’enfonçant sous terre. Non seulement elle n’en meurt pas, mais quand elle se réveille de ce coma, elle vole comme un avion, fait peur avec ses yeux, ne rêve que rigoler, pond des œufs du jour,  et puis meurt. »

porcellus : la vigne

…l’individu en question est parfois maniaque avec ses affaires. Il les emmène dans sa tombe, comme sa trompe dans un étui séparé, avant de ressuciter.



                                                                ….si c’était ça l’énigme ?

convolvuli, avec l'étui (qui n'est pas pénien...) de la future trompe