mardi 22 mars 2011

la petite tortue

puisque c'est la petite tortue, voici ma petite boite Blanchard

Je voudrais vous parler aujourd’hui de deux vanesses : la petite et la grande tortue. Ce sont toutes deux des Nymphalides. Leurs dessins les font se ressembler un peu, ce qui explique sans doute leur nom commun, comme si seule la taille les différencierait ? Bien qu’elles soient toutes deux des vanesses, tout pour moi les sépare : l’allure, les mœurs, et l’alimentation de leurs chenilles notamment.

Nous allons commencer par la petite tortue ou vanesse de l'ortie (Aglais urticae Linnaeus, 1758 ; Nymphalis urticae) : c’est certainement la vanesse la plus connue. Elle est l’une des premières à paraître au printemps, et on la trouve à toutes les altitudes, mais ses couleurs sont les plus rutilantes en montagne.

il y a aussi sur cette planche en bas une autre vanesse : le "Robert le Diable"

La Petite Tortue se nomme en anglais Small Tortoiseshell,  petite écaille de tortue. Ce qui nous donne la piste pour comprendre le nom français : sans doute les taches noires des ailes antérieures font-elles penser à des écailles ? Pas très convaincant : en allemand, on dit « Kleine Fuchs », qui signifie « petit renard ». En italien, on désigne tout simplement la plante-hôte : vanessa delle ortiche, et c’est bien plus clair car les chenilles en effet dévorent les feuilles d’orties.


Le nom latin Aglais est un hommage à Aglaia, c'est-à-dire Aglaé. Je vous reparlerai d'Aglaé quand je vous présenterai les "nacrés". Il s'agissait de l'une des trois Charites (appelées les trois Grâces chez les Romains), celle de la beauté éblouissante, de la splendeur. Dans la mythologie grecque, les Charites (en grec ancien Χάριτες / Khárites), assimilées aux Grâces par les Romains, sont des déesses personnifiant la vie dans toute sa plénitude, et plus spécifiquement la séduction, la beauté, la nature, la créativité humaine et la fécondité. Selon Hésiode, elles sont les filles de Zeus et d'Eurynomé (ou d'Eunomie). Certaines traditions tardives en font plutôt les filles d'Hélios (le Soleil) et d'Églé, ou de Dionysos et de Coronis (ou d'Héra).

Euphrosyne est la joie poussée à son sommet, l’allégresse, la joie de vivre que l'on ressent dans un banquet (tel le banquet éternel des dieux auquel les hommes participaient au début du récit de la Théogonie).

Thalie est la personnification de l’abondance, voire la surabondance, le trop-plein de vie, qui se prodigue comme un don.

Aglaé est la beauté dans ce qu'elle a de plus éblouissant, la splendeur. Il s'agit de la plus jeune et passe selon Hésiode pour l'épouse d'Héphaïstos à la place d'Aphrodite. Enfin, Aglaé est aussi la messagère d' Aphrodite.

Il est toujours agréable d’avoir une représentation des trois Charites, en chair et en os, et de splendides sculptures ont été faites au fil des temps de ces trois Grâces ! Moi, je préfère penser à Aglaé en papillon, mais pour un homme... disons, normal, Aglaé déshabillée est également très séduisante !

pas facile d'identifier qui est qui ? il faut "faire avec" les trois ou aucune !
Le terme urtica fait référence à la principale plante hôte de la chenille de ce papillon, Urtica dioica, la grande ortie. La femelle agglutine en haut d’une ortie sa ponte, et il en sort une colonie de chenilles à grands piquants qui se vautrent les unes sur les autres. Tissent une espèce de toile pour s’y abriter à chaque mue, et grandissent de concert dans la promiscuité la plus totale. Mais l’avantage quand on tombe sur une telle ...manif, c’est qu’il est facile de remplir une boite entière pour sa collection !


 La dernière mue conduit comme d'habitude à la chrysalide caractéristique des vanesses, avec ses miroirs et ses pointes




et voici la belle avec les écailles qui lui dont donné son nom



le dessous est calculé pour se confondre au maximum avec le décor, dans une logique de camouflage maximum.


Bien difficile de distinguer les sexes : je fais le pari que sur cette photo, il y a un monsieur et une dame, mais je vous laisse trouver qui est qui ?