mardi 15 mars 2011

j'ai retrouvé phoebus !

Nous avons de la chance en France : vivent dans nos montagnes trois Apollons : le grand dont nous avons déjà parlé ; mnemosyne qui n’a pas d’ocelles rouges et ressemble de loin à une piéride, le gazé. Ces deux-là se trouvent dans les Pyrénées. Mais il faut se rendre dans les Alpes pour trouver le troisième, le semi-Apollon, phoebus. Naturellement, pouvant observer assez facilement les deux premiers depuis Toulouse, il me fallait absolument trouver phoebus, et donc aller dans les Alpes. Le petit apollon se nomme Hochalpen-Apollo en Allemand, Phoebus Apollo en Anglais. Hoch alpen n’est pas un terme usurpé : il faut dépasser 2500 mètres pour le trouver, donc pratiquer un peu de marche.

Pourquoi une telle recherche ? Parce que si l’Apollon, le grand, est orné de deux ocelles rouges sur les postérieures, son cousin phoebus un peu plus petit, a le blanc très légèrement teinté de crème. Le corps des mâles est velu comme tous les papillons du genre Parnassius. Il arbore le même ornement aux ailes postérieures, mais y ajoute des taches rouges sur les antérieures, plus précisément deux au-dessus de la cellule. Le petit apollon est un papillon de taille moyenne à grande dont l'envergure va de 30 à 40 mm, les mâles ayant le corps velu comme tous les papillons du genre Parnassius. Les femelles sont marquées d'une suffusion grise. Le revers est semblable avec un amas de points rouges sur les ailes postérieures.

voici le dessin des deux sexes de Jacob Hübner

Le biotope est typiquement alpin : il faut dénicher une petite vallée, il y aura forcément au centre du talweg un ruisseau. Un ruisseau de montagne qui bruisse l’été d’eau ruisselante, flanquée de part et d’autre de mousse humide. Et si l’on a de la chance, poussera en abondance du saxifrage, mais pas n’importe lequel : azidoides, que l’on reconnaît à ses fleurs jaunes, se détachant bien sur la pousse verte des feuilles.



Nous sommes en 1980, et nous avons vu que le printemps a été consacré à la recherche de polyxena, un autre Papilio, sur les digues du Rhône. Nous attendons fébrilement les vacances d’été, pour partir avant les touristes dans les Alpes, à Ceillac où nous avons loué un gîte dans une ferme de montagne. Les filets sont prêts, le grand coffre rempli d’étaloirs vides, et le barbecue portatif aussi car il faut se restaurer durant ces grandes marches.



















et voici la parfaite petite vallée à azidoides

extraordinaire : une chrysalide vient de s'ouvrir, au milieu du cocon lâche qui l'abritait, posée directement sur une pierre ! Un mâle vient d'en sortir, et sèche à peine ses ailes !



un autre se réchauffe au soleil : c'est une chance, nous arrivons en pleine éclosion !



et ça se bécotte (et un peu plus !) dans tous les coins !





voilà qui mérite une bonne grillade au feu de bois !




quelques années plus tard, voici la première boite de ma collection, avec les mâles à gauche ; et les femelles à droite, un edelweiss ramassé sur place en souvenir de l'altitude.


et la seconde boite, avec les tirages des diapo retrouvées, ainsi que deux chrysalides in situ. Un exemplaire a été victime d'un petit handicap : il n'a pu extraire son corps de la chrysalide, et ne risquait pas de faire de BB !