dimanche 16 janvier 2011

Vanessa atalanta

vous avez déjà vu cette boite de vanessa et Io au centre. Mais cette fois, nous nous intéressons
aux papillons de gauche. Le vulcain en bas colonne 2 devrait vous intriguer !

l’évolution dans îles
ou Darwin avait raison


Le genre Vanessa regroupe des papillons de la famille des Nymphalidae. Ce genre est représenté sur tous les continents et comprend deux espèces à large répartition : le vulcain et la belle-dame (vanesse du chardon). Certains papillons appartenant à des genres voisins, en particulier nymphalis sont parfois appelés vanesses. Comme vanessa signifie papillon en grec, on est pile au centre de notre sujet sur les papillons !

Ce sont des migrateurs qui peuvent parcourir plusieurs milliers de kilomètres, et de même qu’on voit les palombes passer les cols des Pyrénées, on peut si l’on a de la chance observer le passage de files de Belle dame, volant bas en altitude, en file indienne, arrivant chez nous depuis l’Espagne.

On les trouve tous les deux couramment dans les jardins, à condition qu’il existe des orties à proximité puisque c’est la plante nourricière de la chenille du Vulcain. Ou des chardons, plante nourricière de la Belle Dame. Il est impossible que vous n’ayez pas remarqué ces papillons communs. Le nom de la belle dame est pour une fois facile à comprendre puisque cette Dame est belle à n’en pas douter, ses couleurs chatoyantes sont attirantes, et font un contraste parfait sur des fleurs bleues de lavande en été.

Pour le Vulcain, Linné en 1758 s’est inspiré une fois de plus de la mythologie grecque, et il a multiplié les sources d’inspiration en fixant le nom commun de Vulcain ; et en ajoutant le nom latin d’Atalanta. S’il avait été Anglais, ou Allemand, il aurait simplifié les choses en prenant le nom d’Amiral, ou red Amiral, qui désigne la bande rouge traversant l’uniforme noir des ailes antérieures.

Vulcain est le dieu du feu, des métaux et de toutes les matières qui brûlent, des volcans et des forgerons. Les armes prises à l'ennemi lui étaient consacrées.

Il a pour domaine les volcans. Sa propre forge se trouve dans les îles Lipari, dans une des îles Éoliennes (couverte de rochers, dont le sommet vomit des tourbillons de fumée et de flamme ; c'est du nom de cette île, appelée autrefois Volcanie, aujourd'hui Vulcano, qu'est venu le mot Volcan) ou sous l'Etna, en Sicile. Là, il confectionnait des armes avec l'aide des Cyclopes, notamment les armes d'Énée. C’est le feu de la forge de Vulcain qui rougeoie sur les ailes de notre papillon.

Par contre, le rapport avec Atalante est moins évident :

Dans la mythologie grecque, Atalante (en grec ancien Άταλάντη / Átalántê) est une héroïne présente dans deux traditions différentes.

Dans la version arcadienne, elle est la fille d'Iasos, roi du Péloponnèse, fils de Lycurgue, et de Clymène, fille de Minyas. Iasos c’est Jasius, qui a donné son nom plus haut à notre Charaxes. Comme Iasos-Jasius ne voulait pas de fille, elle fut abandonnée à la naissance, et recueillie par une ourse dans la forêt du Pélion. Des chasseurs enfin la trouvèrent et l'élevèrent ; elle devint une chasseresse redoutable, se distinguant notamment à la chasse du sanglier de Calydon. Elle fit, comme Artémis, vœu de virginité. Ainsi périrent sous ses flèches deux centaures, Hyléos et Rhoécos, qui tentèrent d'abuser d'elle. Il semble qu'elle épousa cependant Méléagre. Elle fut l'unique femme à faire partie des Argonautes aux cotés de Jason.

Jason pas Jasius, je vous l’ai déjà dit !

Dans la version béotienne, elle est la fille de Schœnée, fils d'Athamas. Son père souhaitant la marier, elle ne voulut prendre pour époux que celui qui pourrait la battre à la course ; ceux qui échoueraient seraient mis à mort. De nombreux prétendants moururent ainsi, jusqu'à ce que se présente Hippomène, qui aidé d'Aphrodite, laissa tomber trois pommes d'or (celles du fameux jardin, mais on pense que c’étaient probablement des coings) données par la déesse dans sa course ; curieuse comme le sont les femmes, la jeune fille s'arrêta pour les ramasser, et fut ainsi devancée à l'arrivée. Mais par la suite, les amants s'étant étreints dans le temple de Déméter, furent changés en un couple de lions, attachés au char de la déesse.


Notre Amiral est bien revêtu de la pourpre de Vulcain. Mais si l’on regarde de près, on retrouve les marques blanches, semblables à d’ocelles de lumière, qui le rendent invisible posé sur une feuille de l’arbre fruitier de votre jardin. Et puis, à la place des ocelles caudales de Machaon, il arbore les mêmes deux traits bleus cernés de noir, qui vont lui permettre de berner les oiseaux chasseurs. Tant qu’à faire, le grand peintre de l’Univers lui a peint des leurres semblables au bout des ailes antérieures.

De côté, il est juché sur seulement quatre pattes. Et peut cacher ses ailes antérieures peintes en rouge dans les ailes postérieures. Celles-ci sont des merveilles de camouflage, que ce soit dans les dessins, la couleur des zébrures, des taches et des ocelles.


Quand on élève les papillons, il est facile de les faire manger comme on nous ferait  une perfusion : ils adorent l’eau sucrée qu’ils sucent par leur trompe, comme ils le font des fruits mûrs et mieux un peu avancés qu’ils sucent dans le jardin.

Rien de plus facile que d’élever la chenille sur les orties : elle ressemble (et c’est normal puisqu’ils sont parents) à la chenille de Vanessa Io dont nous avons déjà parlé. Comme le paon du jour, le Vulcain hiberne au cours de l’hiver, et si vous possédez une maison accueillante, vous risquez de l’héberger (à votre insu) dans quelque coin protégé des intempéries. Il se réveillera aux premiers beaux jours du printemps et alors la femelle commencera à pondre sur les orties.

Quand nous avions notre ferme du Gers, nous avions peint le salon d’une fresque jaune envahie de rouge, pour en faire un endroit flamboyant. Et Geneviève notre amie peintre, avait signé son œuvre d’une vanesse, hibernant ainsi pour l’éternité.

C’est un papillon photogénique, et les peintres flamands du XVIIIè siècle adoraient le faire figurer sur leurs natures mortes. Le jeu quand on est peintre, est de tenter d’imiter la nature, et de s’exercer au rapprochement des couleurs complémentaires, le bleu et le rouge notamment, qui juxtaposées font le plus bel effet. C’est le but des natures mortes, qu’elles représentent des bouquets de fleurs ou de fruits. Et pour leur donner la vie, il n’y a rien de mieux que de poser quelque part un Vulcain en train de boire. On lui met l’ombre propice. Et quand il prend vie, le tableau a l’air vrai.


Il existe un autre Vulcain, plus Vulcain que le nôtre : c’est Indica, ou Vulcania : cela s’explique : ses bandes rouges, qui ne vont pas jusqu’au bout des ailes antérieures, sont plus étendues que chez  le nôtre ! Il existe un point noir devant, et l’effet flash est superbe. Par contre, les petites taches bleues ont disparu.  Dessous aussi le rouge est plus étendu, même s’il se cache aussi dans le camouflage des ailes postérieures.

On trouve Vulcania dans les îles Canaries. Il donne envie de rechercher les papillons des Iles : comme nous l’a expliqué Darwin, on a toutes les chances en effet dans les îles de trouver des espèces particulières, présentant des spécificités causées par le blocage de l’évolution, et c’est notre premier exemple.

Quand nous voyagerons en Corse et en Sardaigne, nous en aurons un second exemple illustre avec Hospiton. Mais cela, comme dirait Kipling, sera une autre histoire….

Les papillons migrateurs nous invitent au voyage. C’est ainsi que l’on découvre la biodiversité, et la richesse de la vie. C’est quoi la richesse ? la vraie réponse pour nous, n’est pas l’argent, la capacité d’acheter, a priori un objet manufacturé inventé par l’homme (la fameuse Rollex ?). Car s’il n’y a rien à acheter, que va-t-on faire de son argent ! Pour les naturalistes, la richesse c’est la diversité. Dans la nature, la richesse c’est la diversité de la vie. La variété du patrimoine génétique. Nous découvrons qu’à la fois cette diversité est infinie, puisque qu’aucun coin de la planète n’est aujourd’hui plus vierge de présence humaine. Et qu’elle est menacée, puisque nombre d’espèces disparaissent sous nos yeux.

On commence à compter les papillons, les plantes qui les nourrissent, et on se décide enfin à les protéger.

Même Vulcain a aujourd’hui besoin qu’on l’aide !