lundi 10 janvier 2011

Hebe

c'est ma seule boite jamais exposée
je la vois tous les jours sur mon
bureau















Hebe

et la mythologie continue

Dans la mythologie grecque, Hébé, fille de Zeus et Héra, est une déesse personnifiant la Jeunesse, la Vitalité et la Vigueur des jeunes. Elle protège les jeunes mariées. Avant l'arrivée de Ganymède sur l'Olympe, elle sert d'échanson aux dieux. Une tradition sans doute tardive la donne pour épouse d’ Héraclès. Par la suite, elle souvent dépeinte comme compagne de la déesse Aphrodite. On la voit souvent comme une douce jeune fille .

Bien des années et des années plus tard, Ettore Bugatti appellera sa fille en la baptisant de son propre acronyme, EB. Je vous le concède, ça n’a aucun, mais aucun rapport avec le sujet. C’était là une douce mais réelle plaisanterie (d’un mec un peu mégalo non ? mais on lui pardonne, vu le génie de ses voitures).

Ne pouvant se payer une vraie Ventoux (qui vaut quelque chose comme 300.000€), encore moins une 57S Atalante (la dernière vendue à Rétromobile en ce printemps 2009 a atteint 3,350 Millions d’Euros, mais elle avait séjourné telle-quelle cinquante ans dans le même garage anglais, et, pur-jus, figurait sur toutes les photographies d’époque. L’avoir en l’état était donc un fantasme pour l’acquéreur fortuné). Donc s’en payer une est inimaginable pour un fonctionnaire pensionné amateur de papillons ! L’auteur qui collectionnait les revues de modèles réduits de prestige depuis 1965, ça fait une belle opiniâtreté, a fini par lier connaissance avec le seul fabricant au monde, un français qui réside à Vichy, et à acquérir trois modèles au 1/8è créés il y a donc quarante quatre ans, à une échelle  assez grande (une voiture mesure 50 cm de long)  pour, en s’identifiant à un lilliputien, créer un substitut suffisant au désir de possession. C’est comme ça qu’il connaît EB, fille d’Ettore, sœur de Jean, le prince de Molsheim etc… Car il existe aussi une mythologie contemporaine, comme celle qu’a créée autour de lui Ettore Bugatti à Molsheim, et mieux encore, qui vit tous les jours à Mulhouse, autour du musée automobile fameux créé par les frères Schlumpf.

Et la vraie Hebe ?

Il serait temps que l’on redevienne sérieux !

C’est le sujet central de la planche 15 du dictionnaire de d’Orbigny. J’en ai fait le centre de l’une de mes plus prestigieuses petites boites à papillons, le modèle de luxe vendu par Deyrolles rue du Bac, tissu noir fin avec une lisse en or tout autour de la vitre. J’ai épinglé dedans neuf exemplaires réels, autour du dessin grandeur nature de Blanchard pinxit est-il signé en latin. Le même nom que celui de mon Maître ! Blanchard a peint…

Eh bien le dessin Blanchard est aussi vrai que les vrais ! C’est une femelle au corps corpulent, antérieures noires avec des raies crème, à moins que ce soit un fond crème avec des rayures noires. Le must de la décoration dans la Famille des Ecailles. Les femelles ont des antennes pectinées assez étroites. Les mâles ont les antennes pectinées des chercheurs, des râteaux presque aussi larges que celui des Saturnidae.

Et reprenant l’effet flash de l’Ecaille Chinée sa cousine, Hebe arbore aux postérieures deux étendards rouges du plus vif effet, ponctués de taches noires. Le corps est à l’image des postérieures du même vermillon, avec une raie noire à chaque anneau abdominal.

C’est vous l’avez compris, la préférée de mes Ecailles. La plus esthétique, la plus décorative.

La plus rare aussi. Car je vais vous faire un aveu : en plusieurs dizaines d’années de chasses, j’en ai collectionné des Ecailles… elles sont souvent spectaculaires d’ailleurs, avec leurs antérieures en V inversé, et leurs postérieures rouges. Eh bien jamais je n’ai observé Hébé. Nous ne fréquentions pas les mêmes biotopes sans doute ! Quand existait encore à Paris la maison N.Boubée & Cie, 3, place St-André des Arts, et 11 Place St-Michel dans les années 1970, on pouvait y acheter le Nouvel Atlas Entomologique, en 3 fascicules 18,5x13,5cm, et on avait un dictionnaire complet des noms, dessins de l’imago, et lieux de vie. Dans le Fascicule II, on a sur la couverture un magnifique Sphinx tête de mort posé sur un mur les ailes fermées, une aquarelle signée R Metaye car à cette époque pourtant proche la photographie  était encore noir et blanc et de piètre qualité, bien inférieure à l’aquarelle des meilleurs coloristes. Et page 25 le commentaire sur l’écaille nommée Eucharia festiva (un autre nom d’un dénommé Haffner pour la même Hebe de Linné) est frustre : « Au sud de la latitude de Paris et exclusivement sur les terrains calcaires. Mai-juin : chenilles sur les plantes basses. Avril après hivernage. »

Habitant une vie durant sous la latitude de Paris, et fouillant tous les biotopes calcaires possibles  ainsi que les plantes basses ce qui ne signifie pas grand chose, je puis vous dire que cette description bien floue ne m’a jamais permis de rencontrer le moindre individu Hebe. Il aura fallu Papillyon déjà cité, pour rencontrer des tchèques et autres Hongrois, recherchant ardemment les écailles communes en France, pour proposer de les échanger contre leurs Hebe tellement communs, encore que…, qu’ils en avaient assez de ne pas collectionner autre chose.

Mes Arctia festiva-Hebe sont donc d’importation, un courant d’immigration que j’aimerais favoriser, comme une immigration positive, si j’en avais le pouvoir !

Sur internet, on trouve des tas d’informations sur les papillons du monde, à une époque où les vrais amateurs conscients de la fragilité de la planète et équipés d’appareils photographiques numériques, photographient tout ce qui se trouve à leur portée pour le mettre sur la toile. Jamais on a ainsi pu observer par la photo autant d’espèces, jamais on n’a pu voir systématiquement leurs chenilles et leurs œufs. Je me régale à rechercher tout cela quand il pleut l’hiver, et à voyager fictivement en Hongrie ou dans l’Himalaya, à la recherche des papillons que je ne chasserai jamais, mais que je puis contempler bien mieux que si je les avais attrapés moi-même.

Pour vous en convaincre, voici textuellement ce que je viens de trouver sur le site polonais suivant :

pl c’est la pologne, comme fr c’est la France ou de l’Allemagne…

Là voyez vous, et les romans de Zola ne pouvaient inventer cela, j’ai créé un lien où, si vous le copiez dans la barre de votre navigateur internet, vous pouvez vous  rendre et lire ceci :

Hebe Tiger Moth is one of the rarest moths in Poland. To-day it is known only from the environs of Siemiatycze, Koło and Konin, though until the 1940s it had been collected in the whole area of the country. A drastic decrease in its numbers has been caused by changes in farming : plough of fallow land and pastures, elimination of field balks, afforestation of open wasteland, and common use of insecticides.

Flûte alors, en Pologne pays que nous avons longuement visité en 1967, ambassadeurs des Haras Nationaux Français,

Quand nous ne couchions pas dans les Haras d’Etat, à la recherche des plus beaux chevaux arabes,

et que nous mangions le soir en camping les girolles ramassées sur place dans la forêt ;

où nous voyagions en 2CV Citroën, voiture que les autochtones croyaient que nous avions construite de nos mains tellement elle avait l’air bricolée,

pays de forêts, de cervidés, de caviar le soir dans les palaces

(mangés par les Russes en visite, il faut le préciser)

la vraie  nature quoi…

c’est devenu comme chez nous,



 …on mettrait trop de pesticides aussi ? ?