samedi 26 mars 2011

On les appelle nacrés

Miroir, mon beau miroir....


c'était une boite plus belle que celle-là qui est une ancienne Boubée
mais à l'intérieur, les miens sont mieux !

Je me rappelle la scène : ça se passe rue du Bac chez Deyrolles. J’adore cette rue qui menait autrefois directement à la Seine pour la traverser avec un bateau-bac. Avant l’incendie, j’y allais souvent à pied, depuis la rue de Varenne. Il suffit de marcher en sens contraire de l’avenue des Invalides, vers Sèvres-Babylone, vers la chapelle de Catherine Labouré. On passe devant Matignon. Salut Monsieur le Premier Ministre ! On continue, gêné par les voitures de fonction qui attendent leurs passagers, mal garées sur le trottoir étroit. C’est pourtant rempli de forces de police, mais elles n’ont pas la consigne de faciliter la marche des piétons. C’est un endroit où il y en a peu de piétons car le chic est de s’y montrer avec son chauffeur de fonction. C’est même un peu chelou de marcher à pied et on se fait dévisager par la maréchaussée, comme un putatif terroriste, même déguisé en fonctionnaire avec serviette et rubans au revers. Il y a la belle galerie de Liaigre, qui vend très cher des tabourets réalisés en sciant et polissant un tronc entier de chêne.  Tout le chic est dans le dessin du sciage, je sais, je me suis fait faire les mêmes en mieux par Jean-Pierre Monlibos quand il a réalisé nos meubles sur mesure pour Bajon. Au bout, à droite il y a un boulanger, commode pour s’approvisionner le soir avant de prendre le métro-rue-du-Bac avant de retrouver la ligne 14 à la Madeleine. En face il y a un marchand de carrelage, qui vend naturellement des matériaux très chics, la plupart du temps en provenance d’Italie, et où j’ai commandé les pierres de Bourgogne pour paver le banc périphérique, dans notre chambre au Sénac. Je connais presque tous les magasins par cœur. Tenez, on arrive rue du Bac ? Eh bien à droite il y a un magasin qui importe des meubles asiatiques à tomber par terre, qui s’appelle « du bout du monde ». C’est de là que vient notre service de table en verres bleus, car il n’y a plus qu’en Inde qu’on fabrique des services de verre luxueux pour pas cher. Et en face de là, un magasin, vrai asiatique lui, vend de la soie naturelle, fabriquée à partir de vers à soie, pour pas cher non plus puisque personne ne veut plus de soie naturelle. C’est là que j’ai trouvé les cravates de soie que j’offre à Emmanuel pour être beau lors des assemblées générales du Crédit-Agricole.

Mais on ne doit pas aller à droite mais à gauche, et je ne vais pas continuer à vous énumérer les magasins car on y passerait la semaine. Et pourtant il y en a des fameux, dont celui tenu par deux dames (assez extraverties) qui vend uniquement des curiosités Art-déco dont des lampes Tiffany presque aussi vraies que les vraies. J’ai acheté quelques trucs là-dedans, avec un petit frisson dans les reins quand la première dame verrouille ostensiblement la porte quand elle vous a laissé entrer, et qu’on se demande ce que la seconde dame (qui attend dans la pièce derrière) va bien faire de vous ? Ce n’est qu’une mesure de sûreté, contre un cambrioleur ! Ouf ! Ou bien Robba en face (il s’agit d’Emilio, c’est évidemment un italien) qui fabrique des plantes artificielles plus vraies que les vraies également ; pendant les soldes, j’ai acheté des quantités de lianes et orchidées sauvages, pour la cuisine d’Anne qui ressemble à celle de Lady Jane dont je vous ai déjà parlé.

On arrive boulevard Saint-Germain ; On traverse dans les clous au feu vert, pas moyen de faire autrement ; on poursuit la rue du Bac vers la Seine sur le trottoir de gauche, et on arrive chez Deyrolles au numéro 46.

C’est en 1831 que  Jean-Baptiste Deyrolle crée la Maison Deyrolle, un immense cabinet d'amateur de curiosités unique en Europe. Très vite, son fils Achille reprend le flambeau. Passionnés d'entomologie, ils développent un commerce de vente d'insectes et de matériel de chasse ainsi qu'un atelier de taxidermie. En 1866, Emile Deyrolle, petit-fils du fondateur, reprend la société, dans l'hôtel particulier de Samuel Bernard. La maison Deyrolle est un lieu avant tout pédagogique ; la société prête du matériel scientifique aux écoles et universités, et édite de nombreux ouvrages spécialisés. Parallèlement, l'activité de taxidermiste répond à deux attentes : celle des étudiants qui apprennent la zoologie et celle des chasseurs qui viennent faire empailler leurs trophées dans les règles de l'art. De nombreuses personnalités viennent y puiser leur inspiration, notamment Salvador Dali, André Breton ou Théodore Monod. Lorsque Emile Deyrolle reprend la société, il développe tout ce qui concerne l'enseignement, surtout l'édition de planches murales colorées : le musée scolaire Deyrolle.

C’est sûr, j’ai vu ces planches Deyrolle dans la classe de mon père, à la Vieux-Rue département de Seine Maritime dans les années 1950, quand il était mon instituteur et moi son élève. Et elles m’ont marqué comme tous les gosses de ma génération.

Ne faites pas attention aux deux vitrines en façade : il faut ouvrir les portes au milieu ; on salue la réception à droite, et on prend l’escalier central pour monter au premier. C’est là que ça se passe : on débarque au milieu d’animaux empaillés, en pleine jungle africaine. Une presse à papier ancienne avec un gigantesque massicot (avant qu’elle ait brûlé) ; des tas de planches cartonnées représentent la vie à la ferme ; la fabrication du vin ; de la soie ;  quand on apprenait par cœur les départements français, on bien comment est fait un chat, ou bien un chien avec leur squelette vu de profil. De petites pièces latérales sont décorés de vitrines pleines de faux yeux, pour que mon ami Mario les incruste dans ses sculptures d’oiseaux pour leur donner la vie. Des morceaux de minéraux énormes, avec des cristaux spectaculaires. En haut, une galerie permet de compulser les livres mais on n’a pas le droit de monter car c’est un peu branlant. Et au milieu, de gigantesques étagères bardées de tiroirs pleins de cailloux ; de coquillages ; de fossiles ; et de vestiges préhistoriques.

Il faut aller au bout pour arriver dans la salle réservée aux papillons, pleine de meubles elle aussi, dont il suffit de tirer les tiroirs superposés pour admirer ce qu’ils contiennent. La faune du monde entier, comme un gigantesque livre en trois dimensions conçu par le Royal Deluxe à Nantes.

Je connais bien les deux employés ; l’un d’eux passe tout son temps libre à déplier les papillotes de papillons séchés envoyés par les correspondants étrangers ; à les faire ramollir dans des tuperware  étanches qui conservent l’humidité du sable mouillé à l’intérieur. Puis à ressortir les papillons rafraîchis pour les étaler réglementairement, c’est à dire les bords postérieurs des ailes antérieures alignés à quatre-vingt dix degrés par rapport à l’axe du corps. Dans cette position, on voit le maximum de surface alaire.


Ce qui m’intrigue, c’est ce qui se passe devant le grand comptoir, qui sert de présentoir aux livres. Où sont superposées les boites d’insectes modèle réglementaire attendant d’être vendues. Et où mon copain pose ses étaloirs où les papillons emmaillotés sous leurs bandelettes tenues avec des épingles à tête sphérique attendent d’être secs.

Il y a deux américaines, disons vingt-cinq ans. Elles sont très à l’aise, l’aisance des gens fortunés en dollars. Le vendeur leur a sorti une boite Blanchard. Je me mets à l’arrêt comme un Epagneul irlandais devant un faisan : il en reste donc encore ? Il faut dire que Robert connaissait intimement les Deyrolles, avant le décès de Monsieur. C’est sa veuve qui a poursuivi l’oeuvre de son mari, avant d’être rachetée par le Prince Jardinier. Et Blanchard lui fabriquait des boites du fameux noyer de Cahors, et en vendait chez Deyrolles ; ça lui payait ses voyages en Corse.

La boite est pleine de nacrés. L’ensemble donne une belle couleur orangée, comme celle que Breton venait chercher autrefois ici pour réveiller son inspiration surréaliste.

Du coup je fouille les archives et retrouve des papillons (mais c’était des tracts) avec des pensées (forcément surréalistes) et je tombe sur celle-ci de Tchouang-tseu qui me rassure puisque je ne suis plus seul :

Rêve de papillon : Un jour j'ai rêvé que j'étais un papillon.
A présent, j'ai un doute. Je ne sais plus :
· si je suis Moi qui ai rêvé d’être un papillon
            · ou bien si je suis un papillon qui rêve que je suis Moi.


Et puis je tombe sur ce « papillon » d’Einstein, que je vous cite pour me rassurer aussi :

Il n'existe que deux choses infinies, l'univers et la bêtise humaine...
mais pour l'univers, je n'ai pas de certitude absolue.

Enfin il y a ce dernier (papillon) qui donne envie d’être charcutier :

Ici, nous faisons l’andouille
De Père en Fils


Assez de digressions ! j’observe mes américaines admirant leur boite à papillons :

-« c’est exactement la couleur que nous cherchions » affirment-elles sans quasiment d’accent.

-« je vous l’emballe » demande le vendeur ? (qui aurait aimé emballer l’une ou l’autre… !)

-« c’est très gentil, merci, nous repartons ce soir pour Los Angeles ! Vous nous dites le prix ? »

-« ce sera sept cents Euros ».

Les deux nanas n’ont pas mouf’té : elles avaient une carte verte (écolo) Américan-Express qui ne demandait qu’à être « chauffée ». Elles visitaient la vieille Europe, et ramenaient un peu de son patrimoine génétique en guise de souvenir. Les couleurs allaient bien dans leur salon, et elles avaient acheté un peu de connivence avec la nature. Et pas n’importe où : chez un Prince !

Je n’ai pas mouf’té davantage ! je possédais maintenant trente à quarante fois sept-cents Euros, et je me suis dit qu’un peu de Nummos arrangerait bien mon train de vie. A force de déménager, je finirais bien par abîmer mes boites, et qui sait ce qu’elles deviendraient… après ? Finir à Drouot comme celles de Blanchard bradées aux entomologistes parisiens ? Autant les vendre à Deyrolles. Et je me fends d’une belle lettre au Prince Jardinier. Et sa responsable des achats de me répondre. Vous savez quand on achète, c’est toujours trop cher. Mais quand on vend, ce que vous avez ne vaut jamais rien.

Et la responsable des achats de me répondre :

-« Monsieur, vos boites ne nous intéressent pas ! Ce qu’il y a dedans, peut-être ? Mais il faut nous apporter la preuve de l’origine de vos papillons précédant 1976 »

Suffocation ! Les boites Blanchard vides ne valaient rien. Je devais apporter à Paris mes papillons sans les boites, et prouver leur date de capture, même si chacun a sa date et son origine, mais ce n’est dans ce cas qu’une déclaration sur l’honneur. Et je n’avais pas toujours de témoins, les seuls étant souvent la famille, susceptible d’être complaisante ! C’est là qu’on a le sentiment (sans doute injuste) que certaines femmes peuvent être des garces !

C’est comme ça que j’ai failli faire passer  Nummos ante virtus, et que j’ai toujours mes Nacrés, et que je puis enfin vous expliquer qui ils sont.

Commençons par le Grand Nacré : il a été nommé Argynnis Aglaja toujours par Linné en 1758. C’est un grand papillon aux ailes marron-orange-vif marqué de noir sur le recto. Au verso, l'aile est verdâtre avec des taches blanc-nacré caractéristiques et une bande jaune orangé clair. La voilà l’explication : les taches nacrées dessous : de petits miroirs pour refléter la lumière. C’est une autre manière de se camoufler en plein soleil cette fois-ci.

Et il est cher au cœur d’un toulousain, parce que sa chenille se développe sur différentes espèces de violettes. Pour attraper l’adulte, il faut le poursuivre sur les chardons et les centaurées. Dans le cas des chardons, bonjour le filet en étamine, il lui arrive souvent des déchirures. Alors il vaut mieux l’acheter tout étalé chez Deyrolles !


Vous vous souvenez qu’Aglaja est l’une des trois Grâces ! Il suffit d’aller au Louvre, et de contempler la vraie, de Jean-Jacques Pradier en 1831, inspirée d’une copie romaine ; mais il y en a d’autres comme celles d’Antonio Canova sculptées en 1815, qui ont une taille tout à fait mannequin de 173 centimètres, pour la hauteur, et un petit 36 pour la taille. Les Ecossais avaient besoin de leur charisme pour réchauffer leur cœur engourdi par le climat of Scotland et les conservent religieusement à Edimbourg. Vous savez que ces Grâces font la charité, et c’est formidable comme ça se sent rien qu’à les regarder. Elles évoluent manifestement dans une atmosphère de serre, et ont enlevé quasiment toutes leurs vêtements, pour ne laisser traîner que quelque châle, sans doute pour mieux montrer leurs formes. J’ai failli dire leurs fesses et sûr qu’elles ont inspiré Brassens ! Elles ont besoin d’affection ou alors de quelque chaleur car elles se tripotent toujours avec beaucoup de tendresse, elles en sont attendrissantes.

Linné encore et toujours ;  on a commencé à percer sa malice sinon sa fourberie, a du poser l’équation suivante : nanas déshabillées = pudeur = n’ai-je pas grossi ? = vérifier dans un miroir = miroir = papillon avec des miroirs nacrés dessous. Ca paraît un peu tiré par les cheveux mais il a fait pire, Linné, is not ?


Démonstration, on va voir ce que veut dire Paphia, qui est un autre nacré, plus grand et plus beau encore que le précédent. Pour traduire sa couleur vive orangée avec des fortes nervures noires, on le nomme aussi : Tabac d’Espagne.  Argynnis paphia (Linnaeus, 1758)

 PAPHIA/Je tombe sur le dictionnaire anglais, mais ça ne fait rien : Bingo ! “The name given to Greek Goddess Aphrodite in her role as the Goddess of Erotic Love. Aphrodite was worshipped at Paphos. C’est donc cela : Linné poursuit son équation, et nous sort ce qu’il connaît de mieux en meufs, pour consolider l’équivalence : nana-miroir.

A part ça, le Tabac d’Espagne est un superbe papillon, avec les ailes dessous vert-pâle, moirées de coups de pinceau couleur nacre, pas très facile de se mirer dedans, mais l’esprit y est. Sur les ailes supérieures, des nervures noires sont élargies, formant un beau dessin contrasté ; il s’agit de la trace d’androconies, qui dispersent un parfum, et c’est la première fois que nous constatons qu’un mâle use de ce procédé. J’ai souvent assisté à la parade nuptiale :  le mâle plonge en vol sous la femelle, stimulant celle-ci en répandant le parfum de ses androconies. Si la femelle est réceptive, elle se pose rapidement, oriente son abdomen en direction du mâle, venu se poser à ses côtés, et distille à son tour au moyen de ses glandes abdominales des hormones aphrodisiaques propre à stimuler son partenaire, qui procède alors à l'accouplement. Ils sont donc deux à émettre, et leur passion est double ! On comprend mieux l’allusion à Aphrodite ! Les oeufs sont déposés non pas sur les plantes nourricières, mais à proximité de celles-ci, sur le fût des arbres avoisinants, notamment des pins et des épicéas. A cet effet la femelle décrit en vol une spirale autour du tronc choisi, y déposant un œuf tous les mètres environ. Les chenilles éclosent à la fin de l'automne, et sans prendre la moindre nourriture, s'enferment dans un abri soyeux pour hiverner. En mars, elles gagnent les violettes, sur lesquelles elles se nourrissent la nuit, se dissimulant sous les feuilles durant la journée. La nymphose s'effectue sur un rameau à peu de distance du sol. La chrysalide suspendue, brune, présente des rangées de protubérances dorsales acuminées et des taches brillantes à reflet bleu métallique.


Vérification de la démonstration précédente, avec le Petit Nacré.

Il faut que ce soit péremptoire, parce que le petit Nacré arbore les plus beaux miroirs qui soient sous ses ailes postérieures. Ce n’est plus un Argynide, mais son nom latin est Issoria Lathonia ;

C’est qui cette Issoria d’abord ?

Et ça re-marche : car c’est « a surname of the Laconian Artemis, derived from Mount Issorion, on which she had a sanctuary. Twin sister of Apollo, born by Leto on the island Delos. Her father was Zeus.

Apart from being the goddess of hunting, she was also the protector of young women, childbirth, harvest, nature and the moon. She was a virgin goddess, and would bless women dying of childbirth by giving them a quick death.

Artemis was one of the most popular goddesses of ancient Greece, and she was believed to wander around in the forests, surrounded by the nymphs. She was a goddess of dancing, and very much a goddess especially for women. Pregnant women would dedicate their clothes to her, and before a woman god married she would offer her clothes to Artemis.

Ca colle toujours avec l’équivalence : déesse plutôt bien fichue= aime danser = protège les jeunes femmes = O miroir mon beau miroir = elle en use forcément dans ses salons de coiffure et les soins esthétiques qu’elle dispense aux young women.

 Plus qu’une dernière tentative : Lathonia !

YES ! Quand je dis ça, je hurle comme ferait Thomas qui est actuellement ado (ça lui passera). Il se campe sur ses deux jambes écartées, légèrement pliées. Il hurle de joie : YES, et il abaisse le bras droit de haut en bas, d’un mouvement brusque, le poing fermé. Le bras gauche pend ballant, car il n’a pas de rôle particulier. Thomas est droitier. Ca fait :

YES !

« Mais c’est bien sûr disait Hercule Poirot, mais ce n’était pas aussi démonstratif !

Lètô (ou Latone chez les romains) est une titanide, fille de Coios et de Phoebé. Elle est la mère des jumeaux Apollon et Artémis. Zeus s'était uni à elle avant son mariage avec Héra. Chez nous la première fois ça ne compte pas. Pour Zeus encore moins ! En tous cas, il lui avait fait un enfant selon son habitude.

Alors elle eut à subir la colère d'Héra. Aucune terre ne voulait accueillir Lètô soit parce que les habitants craignaient l'immense titanide qu’elle était soit à cause de l'interdiction d'Héra qui avait ajouté en plus que le soleil ne devrait pas briller sur la contrée où elle accoucherait.

C'est pourquoi Zeus fit transporter la jeune femme par Borée chez Poséidon, sur une petite île qui se nommait Ortygie (l'île aux cailles). Bravo Zeus assure ! Astéria, la sœur de Lètô, s'était transformée en caille pour échapper à Zeus qui avait pris l'apparence d'un aigle et tirait décidément sur toute nana qui bouge. Elle s'était jetée dans la mer où elle était devenue l'île d'ortygie, une île flottante, qui n'avait donc pas droit au nom de «terre». De plus Poséidon fit couvrir l'île par une immense vague pour la cacher du soleil.

Ni Héra et ni Ilithye (déesse des naissances) ne vinrent pour assister Lètô. Mais après neuf jours, Ilithye succomba aux demandes d'Iris et vint aider Lètô à mettre au monde Artémis puis Apollon. Enlaçant un palmier, Lètô donna finalement naissance à ses enfants. On dit aussi que Lètô accoucha sur l'île voisine de Délos elle avait promis à l'île que son fils y bâtirait son temple. D'après cette version, Lètô se serait adossée au massif du Cynthe, d'où les surnoms d'Apollon et d'Artémis, "dieux de Délos" et "dieux de Cynthe".

Bref Léthonia malgré ses malheurs est notre dernière nana, et la dernière preuve de notre démonstration. On aurait pu penser : « scribitur ad narrandum, non a probandum », (j’écris pour raconter, non pour prouver) eh bien, je prouve en plus, CQFD, YES !

Pour les anglais, notre petit nacré est grand (à cause des miroirs) tellement qu’il devient : Queen of Spain fritillary. On en fait un nacré espagnol, mais il vit un peu partout. L’essentiel est qu’il y ait des violettes à manger pour la chenille.


Qu’est-ce que c’est bien Google quand même ! Il est vrai qu’il ne faut pas être chauvin, et accepter de parler anglais. Et voilà que je tombe presque par hasard, sur ce commentaire tiré de : Classical Mythology in the Systema Naturae of Linnaeus, by John L. Heller © 1945 American Philological Association. Eh bien John couronne mes plus intimes intuitions concernant le sus-nommé Linné, et ses sources d’inspiration :

« A study of some 250 trivial names applied by Linnaeus to the various species of the genus PAPILIO, and all recalling persons of classical mythology, shows that Linnaeus must have drawn them mainly from two sources, the Fabulae of Hyginus and the Syntagmata de Deis of Giraldi. In turn, knowledge of these sources enables us  to detect with some certainty cases in which Linnaeus was either careless in reproducing the form of a given name, or, more rarely, undertook to coin new names, and to throw some light on Linnaeus' use of mythological names elsewhere.”


Mais c’est bien sûr, et cela donne tout son sens à mes timides interprétations d’amateur !

L’entomologie se nourrit de la mythologie !



Miroir mon beau miroir



Dis moi (spontanément) que je suis le plus fort !