jeudi 30 décembre 2010

Graellsia Isabellae, la belle Histoire...

Graellsia Isabellae
et le docteur Cleu

ou la belle Histoire comme aurait pu l’écrire Lelouch


Ca c’est une belle Histoire comme un film de Lelouch, et je vais tenter de bien vous la raconter, comme sait le faire Claude Lelouch. Dans le film « le papillon » Michel Serrault  joue le personnage de Julien horloger à la retraite, et entomologiste amateur. Il s’éprend paternellement d’une petite fille de huit ans, Elsa. Dans la vie, on fait tout le temps des amalgames et vous aurez noté qu’un entomologiste est vu comme un vieux pinailleur et je tente de rester poli, et comme un maniaque (qui aurait tant qu’à faire raté sa sexualité). Ce personnage construit s’associe bien à un horloger l’œil chaussé de son compte-fils grossissement 3 fois.  Alors Julien l’emmène la nuit chasser les papillons, on s’inquiète de ses mœurs possibles à cause de la petite fille naturellement, et il faut être de la partie pour apprécier le fait (peu compréhensible dans le film qui se passe en plus dans le Vercors), qu’il s’agit bien d’une sortie exceptionnelle  : chasser Graellsia Isabellae !

Les circonstances de la découverte en Europe occidentale du plus remarquable de ses lépidoptères sont si curieuses, qu’on a pu les qualifier de roman : au cours de la première moitié du XIXè siècle, dès 1839, Jean Mieg, un physicien allemand au service de la cour d’Espagne, avait déjà noté l’existence dans les bois de pins des sierras proches de Madrid, d’un grand Attacide macroure de couleur verte, dont les débris lui parurent d’abord référables à l’Actias Luna d’Amérique septentrionale. Attacide et Saturnide c’est pareil, et vous pensez au grand Paon de Nuit avec ses quatre ocelles. Ce genre de grands papillons est commun en Amérique et orne des tas de bouquins, et Actias Luna est le papillon lune : couleur vert pâle, et grandes ailes avec des caudales aux postérieures. Les antennes pectinées. Les quatre ocelles habituelles, en forme de croissant. Fermé, on peut dire aussi qu’il ressemble à un croissant de lune.

L’un des confrères les plus en vue du docteur Mieg, est Don Mario de la Pau Graëlls, Directeur du Musée d’Histoire Naturelle de Madrid. Informé de cette trouvaille et intrigué, il recherche longuement à son tour, et il finit par obtenir la chenille en 1848, « a la localitat de Pinares Llanos, del terme municipal de Peguerinos de la provincia d’Avila. En concret, entre el 28 de juliol i l’l d’agost, Graells trobà primer una eruga que, desprès dhaver crisalidat, fou depredada per altres insectes. No fou fins la primavera de l’any següent quan, a la mateixa localitat anterior, e detectà el primer imago, una femella. ». Après avoir pensé nommer la merveilleuse nouveauté Diana, goodess of the moon, déesse des eaux, de la lune et patronne des chasseurs, un croissant de lune dans les cheveux, ce qui aurait été totalement légitime pour respecter la traditionnelle référence à la mythologie, il se ravise.

 Il ne manque pas d’observer que la reine Isabelle II est la souveraine d’Espagne, il doit se dire que c’est in fine elle qui l’emploie, et qui peut sans doute hâter sa promotion future. Bref, il choisit comme taxon, c’est comme ça que s’appelle le nom en réalité : isabellae, dédiant donc sa découverte à la souveraine, dans un article a la revista « revue et Magazin de Zoologie de Guérin-Melleville » en 1849.

L’autre sexe (mais on s’en fiche un peu, c’est le masculin) ne devait être décrit et figuré qu’en 1855, après sa découverte seulement en 1853. Mais Graëlls crut bon, et nombre d’entomologistes apprécieront, de ne pas divulguer pendant de nombreuses années la plante-hôte de son papillon, alors que l’existence de « l’Isabelle » était encore mise en doute par beaucoup d’entomologistes, puisque ne leur était rapporté ni le lieu précis de la découverte, ni la nourriture de la chenille. Petit détail, Graëlls a du se dire que la souveraine risquait de bénéficier seule de la notoriété venant de cette découverte, et aidé par Linné qui pensait qu’il fallait non pas un mais deux noms, il proposa le nom complet :

Graëllsia Isabellae. L’Isabelle de Graëlls.
La Isabelina !
Spanish Moon Moth traduirent immédiatement les anglo-saxons.

Ce en quoi il ne manquait pas de culot, mais une découverte pareille ne pouvait que rendre son auteur mégalo on n’y échappe ja-mais… ! D’abord réputé d’une grande rareté, donc d’un prix élevé, cinquante Francs en 1866, ce magnifique Attacide était, à la veille de la guerre de 1914, répandu dans la plupart des collections, malgré certaines difficultés d’élevage, par les soins de marchands espagnols, et surtout allemands n’hésitant pas à multiplier les expéditions comme Otto Staudinger.

Il faut dire que les allemands sont, avant les japonais qui sont terriblement « pinailleurs » eux-aussi, de minutieux observateurs d’insectes, et nous ont laissés des livres fort détaillés, illustrés d’estampes souvent formidables de précision. Avec des couvertures cartonnées, en  couleurs et en relief ! J’ai sous les yeux le Fr Berge’s Schmetterlings-Buch, publié à Stuttgart en 1899. La page des Saturnidae Tafel 29 montre un superbe mâle espagnol. Il en existe bien d’autres, comme Der Schmetterlingsfreund, écrit en gothique. L’auteur a fini par rassembler les plus connus, et les feuilleter est un grand plaisir. Une belle estampe de Graëllsia Isabellae est très esthétique, les couleurs vertes ; les nervures brunes se mariant avec bonheur. L’ocelle forme un œil duveté avec des ourlets jaune et brun, et ressemble à un œil très harmonieux. Les queues des postérieures qu’arbore le mâle lui donnent une allure précieuse, et les antennes pectinées jaunes sont énormes, manifestant son appétit pour la quête des phéromones. La femelle pas mal non plus, avec la forme plus arrondie des postérieures, et des antennes à peine moins pectinées, a les mêmes couleurs vives vert-jaune-brun-rouille.

Terminée la première tourmente mondiale, les sciences de la nature essentiellement paisibles peuvent à nouveau s’épanouir. Et voici que tonne l’annonce d’une autre découverte :

Le Docteur Hubert Cleu, médecin de campagne, exerce dans le département des Hautes-Alpes, dans les environs d’Argentière la Bessée. Il parcourt  donc la vallée de la Durance, de chalet en chalet ; Jusqu’à ce qu’un jour de 1922, il trouve une Isabelle morte, comme on trouverait un Grand-Paon-de-Nuit, au pied de la porte de mélèze d’une patiente. C’est un homme instruit (un docteur en médecine !), et mieux encore, il est entomologiste amateur ! Il connaît les découvertes de Graëlls, à des centaines de kilomètres plus au sud. Il affirme qu’il s’agit bien du même papillon.
Ou à des détails près…presque !
Que faire dans ces conditions : appeler un expert ! Il appelle Christian Oberthür, forcément un allemand, bien connu des spécialistes, sommé de travailler rapidement, il confirme hâtivement l’identification. Mais c’est peut-être une espèce introduite à la base d’individus espagnols importés, comme le prétendent les jaloux ? Peut-il s’agir d’une sous-espèce spécifique, autochtone, une précieuse relique propre à la vallée de la Durance ? Vous imaginez que c’est cela qui serait intéressant, comment le génie gaulois pourrait-il se satisfaire de ne faire qu’héberger en Durance des immigrants espagnols, aussi inféodés à la Cour d’Espagne qu’ils puissent-être ?

Eh bien oui, il s’agit d’une sous-espèce spé-ci-fi-que, c’est à dire singulière. Darwin dirait qu’elle a évolué sensiblement différemment. Hubert Cleu n’a plus qu’une issue, et la nation passant avant sa propre postérité, il n’hésite pas une seconde : ce sera :
Graëllsia Isabellae GALLIAEGLORIA

A la gloire des Gaules !
Tant qu’à faire dans le grandiose, on renvoie l’ascenseur aux Aragonais, en nommant une sous-espèce locale espagnole, mais proche de nos Pyrénées françaises, on ne sait jamais, Graellsia Isabellae paradisea.

Il ne faudra pas vous étonner que l’holotype femelle (c’est comme ça qu’on désigne le numéro un jamais décrit)  qui est bien évidemment dans la seule boite qu’a léguée la fille du docteur au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris « se distingue légèrement (soyons modestes), mais de façon constante, de la madrilène banale par son envergure supérieure, la courbure apicale des ailes postérieures, l’assombrissement des nervures, le développement de la bande noirâtre submarginale vestigiale des postérieures, et la grandeur de la fenêtre hyaline ocellaire ».(sic)
Cocorico !
Vous vous rappelez que dans le film, Serrault prépare tout un attirail. Couche sous la tente avec la petite fille sans prévenir la famille ce qui est très critiquable, mais à son corps défendant, il n’a pas l’air de disposer de portable, et de toute façon il n’aurait pas le numéro (à moins de faire le 1018 je tente tellement d’éviter ces démarches dispendieuses que je finis par oublier). Dispose d’un maigre éclairage pour attirer le papillon, ce qui doit être fait la nuit, du milieu mars à la seconde semaine de juillet selon l’altitude. Invraisemblable je vous répète : une telle expédition se fait avec de vrais ultraviolets, un drap, après une recherche attentive du biotope faite sur cartes. Et mieux, on attire aujourd’hui les mâles avec des phéromones de synthèse. J’y reviendrai.

Je découvre le papillon adulte dans les boites de noyer veiné ancien de Robert Blanchard, quand j’y vais en famille depuis Montauban, le samedi, dans sa maison de ville de Cahors. Madame Blanchard fait goûter les enfants avec des tartines de beurre recouvertes de fraises coupées  en deux. Ils adorent naturellement ! La maison est entourée d’un jardin, et accompagnée de dépendances. Une partie du  jardin est consacré à l’habituel potager permettant une partie de la subsistance de la famille, dont les herbes médicinales que l’on retrouve dans les splendides jardins de curé qui entourent la cathédrale de Cahors : de petits carrés de un mètre sur un mètre, clôturés d’une haie de buis. Et dans chaque carré, une herbe médicinale différente. Chez les Blanchard, la partie la plus importante est plantée des nourritures de papillons les plus diverses : la Grande Férule de corse, ruta corsica, importée exprès pour élever Hospiton ! du fenouil bien évidemment pour les croisements de Machaon ; des orties. Des arbres fruitiers pour Saturnia Pyri….

Et bien sûr, quelques pins sylvestres pour élever Isabelle, car elle vit dans ces résineux.

Robert Blanchard dispose de pièces successives comme des serres, remplies de cages grillagées construites maison pour héberger ses élevages. Et d’armoires, où les célèbres boites sont rangées, non pas à plat, mais sur la tranche comme des livres. Chaque visite commence par un petit déballage, concentré sur l’espèce dont on va parler ou que l’on va tenter de trouver dans la Terre des Merveilles toute proche. Quand on hésite sur un nom, on ouvre l’immense bibliothèque, et on feuillette les planches énormes et colorées des éditions de la Fauna Palaertica d’Adalbert Seitz, publiées à Frankfurt dans les années 1912 sous le titre Gross Schmetterlinge der Erde. J’ai naturellement depuis toutes ces années, en fouillant sur ebay, réussi à retrouver certaines des planches les plus spectaculaires, privilégiant celles décrivant Apollo.

Concernant l’Isabelle, Robert dispose d’au moins quatre, peut-être cinq boites pleines ! Et il me raconte ses chasses : on se rend (en camping) dans la région d’Argentière la Bessée, pendant les vacances d’été, au tout début juillet.


Etre enseignant facilite ces manœuvres. Il faut se munir de grands draps. Les étaler sous les pins sylvestres (ceux dont l’écorce du tronc est rouge), en espérant qu’une ou plusieurs chenilles sont cachées dedans. Mangeant des aiguilles de pin très cellulosiques, leur valeur nutritive n’est pas terrible, et la partie digestible non plus. Alors les chenilles rejettent des crottes sèches très grosses, la forme d’une micro pomme, pré-coupée en quatre vu la forme de l’anus en trèfle à quatre feuilles. Si l’on trouve des crottes sur le drap, c’est qu’il y a des chenilles. Un fil à plomb, on remonte à la verticale, on trouve, et on poursuit l’élevage à une altitude plus conforme. Même mieux, on retourne à Cahors, on met les chenilles dans une poche de gaze transparente, le tout dans le pin, ni vu ni connu, on est quand même mieux dans son propre biotope !

Alors les imago de Blanchard sont naturellement tout frais, nés d’élevage l’année suivante à Cahors, et la sous espèce Galliaegloria triomphe.

Je tente moi aussi d’imiter le maître, et je vais sur place l’été. Mais sans lieu-dit précis car le coach ne dévoile tout de même pas l’adresse postale précise du lieu, au milieu de tous ces pins, c’est vraiment rechercher une aiguille dans une botte de foin. Des années de suite, nous ferons du camping autour de Guillestre en déployant nos draps, sans jamais rien trouver !

Le Maître aura pitié un jour en m’offrant un couple impeccable, que je joindrai aux isabelles espagnoles achetées à des éleveurs, repérés par leurs annonces dans la revue Alexanor. Du coup je récupérerai des cocons vides, qui s’enfouissent au moment de la dernière mue dans les aiguilles de pin sèches qui tapissent le dessous des arbres. Au point même que les collectionneurs allemands, toujours eux, un peu brutaux on le sait bien, ne se gênent pas pour venir avec force râteaux râteler les dites aiguilles, pour récolter les cocons qui s’y trouvent comme on récolterait des pommes de terre.


Je possède toujours une belle boite de noyer, qui a aujourd’hui quarante ans, avec la photo de la magnifique chenille à l’échelle, avec des crottes, des aiguilles de pin, des cocons lâches dont la nasse n’est qu’à peine esquissée, et sur laquelle ma petite fille de onze ans Marine a jeté une Offre Publique d’Achat, pour que je l’inscrive dans son héritage. Dedans, mon couple de Galliaegloria se distingue de ses cousins espagnols. Il est visiblement plus…comment dire : éclatant, et je dis cela sans aucun chauvinisme vous pouvez le croire !
Je vous ai parlé de l’Aragon tout à l’heure. Et des Pyrénées.
Il y a donc pendante une grande question, qui conclut notre belle histoire :
L’Isabelle espagnole, qui doit bien se moquer des frontières administratives, vit-elle dans les Pyrénées françaises, sur le versant sud ?

C’est là que j’interviens (oh, si peu…) : nous sommes quelques années plus tard, en 1993 exactement, et tâchant de me trouver une localisation professionnelle « normale » de retour d’un séjour corse de 1085 jours (c’est presque trois ans à dix jours près, et je ne tiens plus), je suis nommé Directeur Départemental de l’Agriculture et de la Forêt (je tiens à la forêt) de Haute-Garonne à Toulouse. La vie en rose ! c’est un jeu de mots ! Le premier mois de ma nomination, je possède toujours la location de mon studio à l’Annonciade à Bastia. Les délais de préavis vous savez bien ! Epouse et enfants rapatriés à Montpellier résident à la Résidence du nouveau monde, au seizième étage avec piscine collective au rez-de-chaussée. Vincent revient de Nice où il  poursuivait ses études à la fac, pour s’éloigner de Corte (on dit en réalité Corti, et la fac est le siège des nationalistes). J’habite dans un petit studio rue Armand-Duportal, et ai l’interdiction d’habiter l’appartement que nous avons acheté en un quart d’heure rue Bayard, car nous n’en sommes qu’à la promesse d’achat, pas à l’acte de vente. Vous voyez le « foutoir » immobilier !
Je rencontre Jean-Marc Sor, qui est infirmier dans la vie, mais  entomologiste fou au meilleur sens du terme dans le civil : il réussit à financer des voyages insensés, un de ses derniers ayant consisté à retrouver l’Ornithoptère géant goliath dans l’île de Papouasie Nouvelle Guinée où il réside, et à le filmer au milieu des autochnones. Les Ornithoptères sont des Papilio, géants suivant nos propres critères. Goliath peut mesurer vingt-huit centimètres d’envergure ! Son cousin Urvillanae a été découvert par Dumont d’Urville ! Il mérite donc une vidéo !

Jean-Marc est cependant comme nous tous, il préfère se balader dans les Pyrénées toutes proches, et chasser l’Isabelle est pour lui une aventure familière qui lui donne un motif pour sortir au printemps, passer la nuit sous la tente avec une lampe, et tenter d’attraper une femelle vierge pour amorcer la chasse.

L’Europe nous donne à nous directeurs de l’agriculture le motif de financer des tas de projets, qu’ils soient Inter-régions avec nos voisins espagnols. On dit INTEREG. Ou qu’ils soient liés à la biologie avec le programme Life. On a bien du mal à distinguer dans la foule des propositions qui nous sont faites les projets vraiment originaux, et inspiré par Lavoisier recherchant Neptune, je propose à Jean-Marc de financer la recherche d’Isabelle côté France. C’est bien un projet international, puisqu’il suppose attraper ou faire élever des femelles espagnoles. Et voir si ces Carmen attirent bien nos don Juan. On demande à l’INRA à Orléans d’extraire leurs phéromones, comme l’Institut  le ferait pour de simples pyrales du maïs, quand il s’agit de piéger tous les mâles avec des hormones de synthèse, moyennant quoi ils ont perdu toute ardeur pour féconder les femelles réelles. Suffit ensuite de munir les techniciens de l’Office National des Forêts (nous y voilà) des cartes des pins à crochets, et des dites phéromones, et d’observer tout cela les nuits propices de printemps, pour voir si les mâles espérés français réagissent positivement du bon côté de la frontière ! Je n’y vais pas par quatre chemins : je dédie le projet au Ministre de l’Environnement Michel Barnier, et envoie une lettre à son épouse, répétant la formule réussie par Graëlls en hommage à sa suzeraine : l’épouse de Michel Barnier se pré-nomme Isabelle….

Si le Ministre nous répondra, nous n’aurons aucun signe de l’épouse se fichant complètement (à juste titre sans doute) de cette dédicace ! Elle n’a peut-être pas, elle, de secrétaire pour dactylographier une réponse tout simplement ?

Vous n’avez jamais entendu parler de découverte dans la presse, parce qu’il n’y en a pas eu. Echec total. Meilleur repérage des biotopes espagnols voisins, ça oui, mais localisation vraiment française, non. Isabelle reste décidément localisée. Et la sous-espèce paradisea que nous convoitions, parce que Marten en 1955 l’avait décrite dans la province de Gérone : « une coloration plus sombre des antennes ; et l’ocelle postérieur plus gros ». Non ! Isabelle Barnier avait raison de nous bader !

Il me reste un magnifique témoignage : nous sommes à Bellaterra, desembre de 1992. Ceci en catalan dans le texte. Departament de Biologia Animal, Vegetal i Ecologia, Facultat de Ciències Universitat Autonoma de Barcelona !

Josep Ylla i Ulastre présente son Memoria per optar al Grau de Doctor en Ciències, Seccio Biologiques. Il manque le o accent grave dans le clavier de mon ordinateur pour orthographier correctement Memoria par exemple. J’en suis vraiment désolé : ne m’en voulez pas !

Josep a réalisé son mémoire sous forme de livre cartonné vert, relié à l’ancienne, format A4, sur un beau papier ; des photos argentiques d’Isabelle collées sur les pages ; plein de graphiques, sur la localisation, sur les dates d’éclosion, sur les chenilles. Une bibliographie systématique dans laquelle on trouve la référence de son illustre prédécesseur Cleu en 1924, quand il a publié dans « l’amateur de papillons ». 432 pages. C’est de là que j’ai tiré les textes en catalan  figurant au début.
Vous rendez vous compte : Hubert Cleu était docteur, et  a découvert l’Isabelle française. Eh bien on peut devenir docteur catalan en racontant la biologie de ce papillon, à vrai dire unique !

Je préfère quand même ne pas me faire soigner par Josep !
et si j’essayais de devenir docteur à mon tour ?
docteur es-papillons…